L’art Guinéen trouve sa charte fondatrice ! Le pays de Demba Camara s’apprête à franchir un pas historique dans la reconnaissance de ses acteurs culturels. Le projet de loi portant statut de l’artiste et des professionnels de la culture est soumis récemment au Conseil National de la Transition (CNT). Le texte va ouvrir enfin la voie à un cadre légal attendu depuis des décennies. C'est une révolution tranquille pour les créateurs, les techniciens et les entrepreneurs culturels du pays.
Le texte soumis pour validation et promulgation, définit dans son premier chapitre, les contours d’un univers souvent flou. Il distingue l’artiste salarié, l’indépendant, l’intermittent, mais aussi le fonctionnaire de l’art. Il reconnaît aussi le manager, le diffuseur, le commissaire d’exposition, le producteur et l’entrepreneur culturel. Autant de figures qui façonnent la vie artistique guinéenne. Pour la "première" fois, leurs métiers sont nommés et encadrés par la loi.
L’article 2 du projet fixe l’objectif : reconnaître, protéger et valoriser le travail artistique. L'idée, c'est d’en finir avec la précarité systémique des créateurs.
Chaque artiste professionnel pourra donc obtenir une carte délivrée par le ministère de la Culture. Un sésame qui officialisera sa qualité, légitimera son activité, et facilitera l’accès à la protection sociale.
La loi consacre des droits clairs : liberté de création, sécurité sociale, égalité hommes-femmes, et protection contre le harcèlement et la violence. Même les artistes à mobilité réduite, trouvent leur place. Nul ne doit être écarté de la scène pour des raisons physiques ou mentales. C’est un souffle nouveau d’inclusion et de dignité.
Mais le texte ne s’arrête pas aux droits uniquement. Il rappelle aussi les devoirs. L’artiste deviend(ra) un modèle social, un ambassadeur de paix, un gardien du patrimoine et de l’environnement. Dans le projet, il demandé à l'artiste d’incarner les valeurs de la nation, de promouvoir la culture et d’éviter toute atteinte à l’honneur de ses pairs. La concurrence déloyale et le plagiat deviennent des fautes disciplinaires. Les sanctions vont de l’avertissement au retrait pur et simple de la carte professionnelle.
En filigrane, cette loi veut structurer un secteur essentiel à la cohésion nationale, l'économie aussi. Elle crée un Conseil de discipline, un répertoire des métiers culturels, et prévoit la négociation collective. Les rapports entre artistes et collaborateurs seront désormais plus équilibrés.
Si cette loi est entérinée par le Conseil National de la Transition (CNT), le statut des artistes du pays changera valeureusement. Aussi, elle changera la perception même de la culture en Guinée. Non plus un loisir, mais un vrai métier. Un pilier de la nation.
Par Sita CAMARA
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