« Si je dois renouveler le contrat avec Djanii Alfa, c’est pour faire le Stade de France »
En France, le manager du rappeur Djanii ALFA, Musto TOURÉ, a accordé une interview à la rédaction de SITANEWS. Lisez in extenso cette entrevue à bâtons rompus.
Le contrat entre toi et Djanii ALFA est terminé et tu quittes la famille « Sicario ». Est-ce que tu confirmes cette information ?
« Oui, je la confirme. Je ne suis plus le manager de Djanii ALFA sur papier. Le contrat qu'on a signé en 2019 a pris fin. Mais dire que je quitte la famille Sicario, c’est trop dit. Je pars, mais suis toujours Sicaire et je resterai toujours Sicaire. »
Penses-tu avoir répondu à toutes les attentes de Djanii ALFA durant les 5 années de collaboration ?
« Pour être honnête, je n’ai pas répondu à toutes les attentes de l’artiste. Mais, je peux vous rassurer que j’ai accompli une grande partie de ma mission. Ce qui nous a permis en 5 ans, de pouvoir créer toute cette grande famille de Sicaires partout dans le monde. Également, faire de grands concerts en Guinée mais aussi ailleurs. Drainer autant de monde en faveur d’un rappeur, je pense que cela a commencé en Guinée par Djanii ALFA. Cela demande forcément de vraies stratégies.
J’avoue que nous n’avons pas tout fait. Mais nous avons réussi ensemble à atteindre 50% de nos objectifs. L’engagement citoyen de Djanii nous freinait dans beaucoup de choses sinon, nous aurions fait mieux que ça.
Le contrat peut-il être renouvelé ?
Oui, c’est possible ! Je suis venu à « G4life Musik » comme stagiaire. C’est à la suite que j’y ai été engagé en tant que membre, avant d’être à la tête de cette maison de production. Après, j'ai signé un contrat de management, et le certifié avec tous les pourcentages définis avec Djanii ALFA. C'est ce contrat qui est fini, mais il y a un contrat moral entre nous. Parce qu’à « G4life Musik », la fraternité prime sur le business.
« (…) Il s’agirait de faire en sorte que la musique prenne le dessus sur son engagement »
Pour répondre exactement à votre question, je dirai que signer de nouveau un autre contrat avec Djanii ALFA, pour l'heure, je ne sais pas. Parce que cette année 2023, je veux aussi un peu me reposer et bien réfléchir sur comment repartir et sous quel angle avec lui. Je pense qu'il y aura la possibilité en 2024 de signer encore avec Djanii. Pour l'heure, c'est très difficile d'être sicaire, ça demande beaucoup de concentration, d’énergie et de va et vient surtout.
Il ne s'agit pas de signer pour dire que tu es le manager, mais c'est de mériter cette responsabilité. Ensuite, la vraie question, c’est de savoir : est-ce que l’artiste en personne est satisfait de ton rendement ? Si lui-même, il est satisfait et qu'il me réclame, je pense qu’il n’y a pas moyen de refuser. Mais en venant, je dois être capable de lui proposer encore quelque chose d’intéressant différent du premier contrat. Ma mission sera d’imposer l’artiste à l’international. Pourquoi pas, faire le Stade de France. Parce que, sur le plan national, Djanii ALFA n’a rien à prouver. Il s’agirait de faire en sorte que la musique prenne le dessus sur son engagement.
Est-ce qu’il t’arrivait de prendre des coups à la place de Djanii ALFA, le « parfait turbulent » ?
"Ça c'est tout le temps. Je prends assez de coups, mais je n’en parle pas. Il y a plein de choses en Guinée dans lesquelles on est blacklisté. Nos petits gombos [affaires] sont bloqués. On nous fait comprendre qu’on ne peut pas nous aider. Parce que nous sommes affiliés à Djanii ALFA. Où allons-nous nous plaindre ? Nous allons dire quoi et à qui ? Il y a des endroits, quand nous rentrons, on nous regarde comme des zombies. Mais après, c'est difficile à expliquer. C'est la vraie galère.
C’est à cause de toutes ces raisons, que je n'ai pas pu accomplir les 60% de ma mission. Si j'avais la main libre, et Djanii avait moyen de soucis, je jure que l'Afrique allait parler de lui sans forcément passer par les majors."
Une photo a fuité et fait le tour de la toile sur laquelle tu fonds en larmes avec Djanii ALFA. Peux-tu nous en expliquer ?
"Oui, je pleurais à fond mais lui aussi, Djanii. En fait, il me remerciait. Il n’était pas en Guinée. Et nous, nous étions blacklistés. Nous n’avions pas d’activités, nous n’avions rien, nous ne travaillions pas. Nous ne savions pas comment payer la maison. Et moi, il y avait beaucoup de personnes qui disaient de laisser Djanii. Mais j’ai toujours refusé. Djanii, c'est un frère, au-delà du travail qui nous lie. Donc à cause de tout ça, quand il est rentré au pays, il m'a vraiment remercié, pas pour le travail, mais pour tout ce stress que j’ai géré avec courage. C'est pourquoi il pleurait et moi aussi."
Si on te demandait de prodiguer des conseils à Djanii ALFA. Que lui diras-tu ?
"Depuis que j'ai connu Djanii, je passe tout le temps à le conseiller. Mais je ne le ferai pas en public. Il ne faut pas oublier que je suis le pont entre Djanii et certains professionnels du milieu et certains fans. Mais après, c'est un grand garçon, il reste ce qu'il est. Moi je continuerai à le conseiller mais en mode off. "
Bataclan fut le plus gros projet que vous avez réalisé en coproduction avec Créa-Concerts. Quelle a été l’expérience ?
"Yes, Bataclan a été une très belle expérience. À Conakry, tout ce qui est grand événement, on a fini avec ça. Donc sortir du pays et être dans une salle mythique comme le Bataclan c’est énorme. C’est difficile de venir sur un territoire qu'on ne maîtrise pas comme la France, mais heureusement, il y avait Créa-concerts en coproduction, les gars sont supers professionnels. De passage, je salue Tidiane qui a vraiment tout facilité. Je profite de l'occasion pour remercier tous ceux qui nous ont boostés sur ce projet tels que, nos partenaires D&J PROD, nos partenaires de la Guinée, les professionnels du métier, vous les journalistes, toutes les personnes qui nous ont aidés de Conakry à Paris. J’avoue que nous avons eu assez de soucis. À un moment donné je commençais à me fatiguer. Chose qui est très rare chez moi. Avant même d'être sur le sol européen on a eu assez de problèmes de l’annonce du concert jusqu'à sa réalisation. Mais par la grâce de Dieu, on l’a fait et puis, ça reste dans l’histoire et ça fait partie de notre fierté.
Aujourd'hui, Djanii Alfa est le premier rappeur d’Afrique francophone à faire sold out au Bataclan. Cela, 4 jours avant l'événement. Juste qu’on n’a pas eu les mérites qu'il faut pour ça. Évidemment, c'est parce que c’est nous. C'est parce que c'est Djanii ALFA. Parfois ceux qui doivent reconnaître ce mérite, n'aiment pas ta personne. Donc ça passe inaperçu.
En tout cas Big up à l’équipe Créa-Concerts. Si j'ai encore l’occasion, j'aurais envie vraiment de faire des concerts, des vraies choses avec eux."