Formation à l’industrie musicale en Guinée, une très belle initiative. Pensez-vous qu’il y’a sérieusement un besoin qui se manifeste ?
Bien entendu le besoin est évident. Au regard des dernières actualités, il est important que chaque acteur du secteur puisse connaitre comment l’industrie fonctionne réellement. La formation c’est la base si on veut que notre industrie décolle. Il faut des talents certes (ce que nous avons déjà) mais, il faut une bonne connaissance des métiers et règles qui régissent ce secteur.
Parlez-nous des modules qui vont caractériser cette formation ?
Alors, la formation sera axée sur quatre (4) thématiques : le fonctionnement de l’industrie musicale, les fondamentaux du droit d’auteur, les principaux contrats de la musique et l’écosystème de la musique à l’ère du digital.
Qu’est-ce qui justifie le choix des thématiques énumérées ?
Ces thématiques sont très actuelles et indispensables au bon développement de la carrière d’un artiste ou d’un label. En exemple, le droit d’auteur est notre matière première. Donc, si nous voulons la transformer il faut bien en connaître le contour. Et le digital, on n’en parle même pas. C’est aujourd’hui l’une des plus grandes mutations de ses 10 dernières années. Le digital a complètement transformé le modèle économique de la musique, et il faut le connaitre et le comprendre. Aujourd’hui il peut être une aubaine si c’est maitrisé. La preuve, Ckay avec son titre décroche des certifications sur des marchés où il y a encore 5 ans, l’afrobeat n’avait pas de taux de pénétration. Tout cela, grâce aux bons usages de tiktok et des réseaux sociaux. Tous les experts s’accordent sur le fait que l’Afrique est le prochain marché de la musique enregistré. Mais, moi je pense fermement que les artistes africains sont les prochaines stars de la musique enregistré mais sur des marchés matures comme celui de la France ou des États-Unis d'Amérique".
Quels sont les enjeux de cette formation ?
"Notre objectif avec Les Studios kirah, c’est de vulgariser les bonnes pratiques et que les acteurs de l’industrie soient suffisamment informés pour être économiquement viables".
Marc Heaven est l’un des formateurs que vous invitez. Qu’est-ce qui explique sa désignation ?
"Marc est un expert dans son domaine. Il maitrise très bien l’écosystème digital lié à la musique - et travaille au quotidien dans ce domaine".
Le module : « les fondamentaux du droit d’auteur » est beaucoup plus intéressant. Parlez-nous en. Quelles pourraient être des mesures concrètes pour valoriser le BGDA (Bureau guinéen du droit d’auteur) ? Peut-on parler du manque de volonté politique ?
"Comme je le disais plus haut, le droit d’auteur est le maillon central de notre industrie. Le comprendre est une nécessité pour quelqu’un qui veut faire carrière dans l’industrie musicale. A mon sens, la première mesure concrète est d’aider à l’application de la nouvelle loi sur la propriété littéraire artistique. Depuis sa promulgation, les décrets d’application ne sont pas encore signés. C’est une bonne loi, mais il faut que son application soit effective. Et c’est à nous tous : auteurs, compositeurs et titulaires du droit voisin, de valoriser cette institution en nous impliquant. La volonté politique est tributaire de la volonté des ayants droits pour que notre système de gestion collective marche. D’où l’importance d’apporter l’information aux ayants droits. Puisque, de toute façon, on ne peut pas défendre un droit qu’on ne comprend pas ou connait pas".
Beaucoup de labels pullulent en Guinée. Mais l’industrie musicale peine à se développer. Quel est le hic ?
"Vous savez, pour développer une entreprise quel qu’elle soit, il faut certes avoir les fonds pour investir, mais il faut surtout maitriser son modèle économique et connaitre son secteur d’activité. Et ce que je remarque, c’est que la grande majorité des labels se lancent par passion, mais ne mesurent pas que l’industrie de la musique c’est comme l’agroalimentaire, le transport, etc. Et il faut en maitriser les contours. Sinon, on risque de jeter de l’argent à la fenêtre. Il faut aussi que les pouvoirs publics s’impliquent pour pousser cela par des mesures incitatives".