La place de la culture en Guinée, bien que notifiée dans la plupart des textes fondamentaux et à l’échelle régionale et internationale, n’a toujours pas le même statut en République de Guinée.
Plusieurs difficultés se présentent et peuvent influencer directement les activités culturelles. C’est le cas par exemple de la faible allocation budgétaire, soit près de 0, 4 % du budget total alloué au compte du secteur tout entier. L'inexistence des textes juridiques relatifs à la mobilisation des taxes et redevances du secteur culturel.
Un autre enjeu important est le manque et la dégradation des infrastructures liées à la culture, au musée et au cinéma, ainsi que la nécessité de trouver des stratégies efficaces pour réunir les fonds indispensables à la réalisation de projets culturels.
Malheureusement, le système de protection sociale existant depuis un certain temps au niveau de la Guinée ne confère guère à l'activité artistique comme étant une profession à part entière.
Les réformes institutionnelles, qui comprennent parfois des mesures inadaptées au secteur, suscitent souvent de nombreuses questions concernant le rôle crucial de l'État dans la promotion de la diversité culturelle comme un moyen essentiel de créer les conditions nécessaires au développement durable de la Guinée.
Le manque de cohérence dans l'intervention des Partenaires Techniques et Financiers(PTF) pour accompagner le secteur culturel et le faible taux de renforcement des capacités des opérateurs culturels représentent des obstacles pour mesurer l'activité et le dynamisme du secteur culturel en général, et des Industries Culturelles et Créatives en particulier en Guinée.
Ainsi, comprendre l'importance de l'activité culturelle dans un pays nécessite donc d'examiner à la fois l'impact social du secteur culturel sur le développement des communautés et la contribution économique de ses différents domaines d'activité, qui présentent des tendances prometteuses et favorisent la transformation économique du pays.
Pour y faire face, à la promotion et au développement des métiers des arts et de la culture, nous pensons qu’il faut créer les conditions de leurs employabilités dans un environnement professionnel. De même, les enjeux liés à la présomption salariale, à la création d’un régime de sécurité sociale et sur les mesures fiscales doivent être de nature à protéger et à pérenniser le travail artistique y compris celui des professionnels de la culture.
Le secteur culturel lorsqu’il est bien structuré et professionnalisé, permet à travers des activités génératrices de revenus à la réduction de la pauvreté, ainsi qu’à la création de la valeur ajoutée au PIB et PNB du pays de façon significative et durable.
Les politiques culturelles permettent de mobiliser l’énorme potentiel du secteur de la culture en termes de création d’emplois, de croissance économique et du renforcement de la cohésion sociale dans un pays. Les services et biens culturels sont ainsi des vecteurs incontestables de créations de richesses, de redynamisation des villes, d’amélioration de la compétitivité et de croissance économique du pays.
Cependant, certaines actions urgentes de l’État à travers le ministère de tutelle en faveur de la culture doivent être structurées autour de différentes formes d’intervention dans le temps. Une nouvelle réflexion doit être menée en Guinée pour appréhender de ce que peut et doit être une intervention publique dans les industries culturelles à l’ère du numérique.
La création du Conseil National de la Culture et ses modalités de fonctionnement, comme organe consultatif représentant les acteurs des différents secteurs d’activités culturelles et économiques.
La validation et la promulgation comme priorité absolue de la Loi sur le Statut de l’Artiste et des Professionnels de la Culture et de ses textes additifs tels que : « la présomption salariale, la prévoyance et la protection sociale » pour l’ensemble des acteurs.
L’identification des artistes et des professionnels évoluant les secteurs d’activités culturels à travers une carte professionnelle et l’enregistrement de l’ensemble des acteurs concernés, un instrument de travail permettant d’identifier et de classifier les pratiques culturelles, de mettre un accent pratique de la dimension ‘’économie de la culture’’ et les possibilités de la contribution du secteur au développement national.
Le financement des initiatives culturelles suivant les modalités cohérentes et apports des prêts sur les garanties de l’Etat aux artistes et des professionnels de la culture, la redistribution équitable suivant le mérite des droits d’auteur et la prise en compte des auxiliaires de la création dans la répartition des dites redevances et la construction d’une salle de spectacle digne.
Le renforcement du capital humain. La formation des acteurs culturels à tous les niveaux de la chaîne de valeur est l’épine dorsale de tout progrès durable d’une nation. La formation des artistes guinéens est plus qu’imminente face à leur ignorance totale des réalités de l’industrie musicale ou du spectacle ce qui permettra d’améliorer significativement leur contribution au développement socioéconomique de la Guinée.
L’établissement d’un réfèrent cohérent en termes de bonne gouvernancedu secteur de la culture appuyé par des efforts concertés vers la mise en œuvre de nouvelles normes de gestion adaptée aux réalités des secteurs d’activités culturelles.
L’implication des acteurs cible dans l’élaboration d’instruments de lois leur concernant doit être au centre de toute politique durable. Cette implication à travers le Conseil National de la Culture et d’autres grands acteurs, favorise l’inclusion et la participation active et efficace des hommes de culture sur les problématiques fondamentales et permet une prise en compte des enjeux à tous les niveaux.
La mise en œuvre des recommandations et des résolutions est l’une des conditions essentielles pour amorcer un développement culturel durable en Guinée.
Conakry, le 21 juin 2024
Par le Président de l’Association Culture Ensemble, M. Lassine KONE
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