Un possible retour de Kill Point serait-il envisageable ?
Un possible retour du groupe KILL POINT serait-il concevable ? La question reste posée. D’ici là, nous observons la sortie prochaine de l’album solo de Prophet Gee. Celui d’Aizeko est aussi annoncé en sourdine. Dans l’avenir, les membres du groupe pourraient-ils se retrouver autour d’un projet commun ? Cela fait au moins deux décennies que ce groupe légendaire du rap africain de Guinée s’est effacé. Chacun de son côté s’occupe de sa petite vie. Prophet-Gee, convalescent, mais se bat tant bien que mal pour reprendre le flambeau et avec à la main gauche, un album fédérateur. Ce retour escompté d’Amadou Barry rappelle les mordus et les novices du hip hop guinéen, les beaux souvenirs et le parcours atypique très audacieux de KILL POINT et son MRK (Mouvement Rap Koulé).
Que dire de Kill Point ?
On ne peut tordre aucunement le cou à l’histoire du rap guinéen devant ses témoins oculaires. Dans les années 90’, paraissait KILL POINT avec son « armée ». Il fut constitué en haute banlieue de Conakry par Aizeck’O et Prophet-Gee avant que Mooz Bee et autres ne rejoignent plus tard le groupe.
Au bout du compte, KILL POINT était perçu comme un État dans un État en Guinée. Aux côtés du bas peuple, ce crew avait l'aplomb de tenir tête aux « dinosaures » et aux gros bonnets du pouvoir central. Dénoncer les manœuvres dilatoires d’un système de gouvernance sectaire, était l’aphorisme et le sacerdoce du groupe durant tout son règne.
En vendetta avec le pouvoir de feu Général Lansana Conté, KILL POINT s’est porté garant de défendre le peuple à travers sa musique. Pendant de longues années, Amadou Barry et son Rap-band ont porté le flambeau d’un peuple et de sa jeunesse écartée.
KILL POINT était la voix crédible des sans voix face à un système militaire « entièrement » corrompu - cousu de gabegie financière et de loterie judiciaire. Cela, dans un silence caverneux des institutions de la république. Une situation qui a affaibli tout le pays, et exposé le peuple à une extrême misère. Au regard de ces réalités, Prophet-Gee et sa clique se sont engagés au nom de la démocratie, dans une lutte citoyenne pour peindre le bambou d’une gouvernance souillée par les cadres indociles et véreux de la république. Un courage singulier qui a valu au groupe KILL POINT, une grande notoriété et un respect absolu.
A cause de son engagement face au pouvoir de Conakry et ses sbires, KILL POINT a toujours été censuré sur les ondes des médias d’État. Cette situation a duré longtemps. Mais les MC’s trouvaient toujours un moyen d’expression et de sa vulgarisation.
En première ligne de front, KILL POINT a mené fièrement le combat en faveur d’un peuple qui traîne au quotidien son squelette de misère, et ce depuis 1958.
De Bomboli à Yomou, KILL POINT fut le groupe urbain le plus représentatif et fédérateur de la jeunesse guinéenne. Son premier album Foré Bôma sorti en 1996 a connu un succès immédiat. Plusieurs autres opus du genre ainsi que des compiles de grande portée en ont suivi. De Conakry à Paris, le groupe a su graver son histoire sur les rochers et sur le macadam. L’applaudimètre a toujours été de son côté.