Plus de 10 ans après, Aïzeko nous ramène son album « EN SOLO » et nous convie à le streamer sur Spotify, Amazon, Shazam, Anghami, Amazon Prime Music, YouTube, Soundcloud…. Mais qu’est-ce qui motive Aïzeko [« patriarche » du rap guinéen, ex-membre de Kill Point] à dépoussiérer son œuvre éditée depuis 2005 ? SITANEWS a voulu en savoir davantage.
Salut Aïzeko ! Pourquoi c’est maintenant que tu décides de réchauffer ton album « EN SOLO » ? Il a quand même 18 ans, n’est-ce pas ?
« Oui, l'album "EN SOLO" est sorti en 2005. Les distributeurs de l'époque m’ont fait savoir qu'il était trop sophistiqué pour le public guinéen et que ça compliquerait la vente. Ainsi, j'ai décidé de le dupliquer moi-même et de me charger de la distribution.
Je tenais à la sortie de cet album car, avant tout, c'était devenu un challenge pour démontrer aux distributeurs que ce n'était pas impossible avec la stratégie de communication que j'avais élaborée (Tout Conakry avait cette communication car elle était inédite). J'ai alors dupliqué une petite quantité de deux mille (2.000) K7 que j'ai distribuée à travers un système de "porte-à-porte" et à travers mes concerts. »
Les médias ne t'ont-ils pas aidé ?
« Sachez qu’à cette époque, le monde des médias n'était pas ce qu'il est aujourd'hui. Après 18 ans, je constate que nous (en Guinée) avons par le biais des avancées technologiques et de la mondialisation, accès à une multitude de médias avec des infrastructures qui nous permettent d'atteindre le maximum de personnes pour véhiculer nos œuvres, arts, messages, idées, actions etc…. J'ai voulu alors saisir ces opportunités pour faire entendre au monde entier mes messages à nouveau. J’estime que s’il y a eu des avancées technologiques et des infrastructures modernes dans ce monde après 18 ans, il y a aussi certaines politiques, méthodes et comportements qui n'ont pas changé chez les humains.
Un exemple concret est cette interview. Car, 18 ans en arrière, il t’aurait fallu un billet d'avion ou une lettre à la Poste pour réaliser cette interview (Rires). »
Y a-t-il une autre histoire derrière cet album ? Raconte-nous en !
« Comme je l’ai dit dans la première question, c’est d’abord la volonté de diffuser mes messages à un large public. Cela va contribuer de ma manière avec mon talent artistique à promouvoir l'excellence, un facteur primordial pour le changement des comportements qui sont des goulots d'étranglement pour le développement de nos sociétés.
Ce projet me tient à cœur pour d’autres raisons qui sont :
Après la rupture du groupe Kill Point, j'avais décidé de raccrocher le micro pour plusieurs motifs. Mais constatant que nous avions pris l'habitude de dénoncer les tares de notre société et face à ces tares qui persistaient, et vu que j'étais seul sur place, je me suis mis à réécrire les textes pour les sortir seul. Ce qui était un challenge parce que, dans le KP [Kill Point NDLR], je ne faisais que des refrains et quelques courts couplets. [Ma stratégie était de ne pas saturer les mélomanes de messages. De ce fait, certains me croyaient limité. Alors, j'ai voulu me prouver d'abord à moi-même, ce que je peux produire en dépassant mes limites. Raison pour laquelle sur cet album [EN SOLO], tous les textes, les arrangements musicaux, les chœurs, les refrains et ponts, sont de moi sauf, dans le titre "woooyi !" où Fada Freddyde Daara-J participe dans le refrain et la chanson "Les Hommes" avec la participation de Little Zion.
Concernant la communication et la production, je voulais montrer aux producteurs que pour sortir un album ou produire un artiste, il faut miser sur du long terme. Raison pour laquelle j'avais déployé de gros moyens, de nouveaux supports et de grandes stratégies de com. Ce qui avait créé un gros buzzet qui m'a profité dans mon monde professionnel. »
Aïzeko, tu ne vas quand même pas te limiter seulement à cet album ? Peut-on espérer en avoir d’autres ?
« Oui, je suis sur un projet d'album intitulé "RETRAIT SONGs" qui signifie (Les chansons de ma retraite de 18 ans). Cette œuvre relate tout mon vécu et mes expériences tant dans la société, les illusions, les relations humaines, le monde culturel, l'histoire de notre hip hop qui se falsifie avec beaucoup d'imposteurs qui ne sont apparus que pendant la deuxième ère de ce mouvement que nous avions initié.
C’est un album costaud qui est déjà réalisé à 75%, mais nous voulons rétablir le pont de ces 18 ans avec les mélomanes. C'est aussi pourquoi, nous avons commencé par rééditer « EN SOLO ». [Cela m'a aussi permis de me remettre en forme et réactiver mes sources d'inspirations]. En plus, ces 18 ans m'ont enrichi d'expériences, de moyens matériels et logistiques nécessaires pour s'auto-produire sans être obligé de se faire dicter ce que tu dois créer. C’est l’une des raisons pour lesquelles je prends tout mon temps en studio. (L’album EN SOLO a pris 3 ans de studio à Dakar).
Pour "RETRAIT SONGs", on a, à ce jour, plus de 14 mois. Je suis très exigeant et souple à la fois avec les équipes de production. »