GUINÉE – Vers un nouveau souffle pour la culture nationale. Vendredi dernier, dans l’enceinte solennelle du Palais du Peuple, le Conseil National de la Transition (CNT) a franchi un pas décisif en adoptant quatre textes législatifs majeurs dédiés à la refondation culturelle. Un moment historique pour un secteur longtemps laissé à la marge, mais au cœur de l’identité guinéenne.
Ces nouvelles lois, portées par le ministère de la Culture et de l’Artisanat, redéfinissent les règles du jeu dans un écosystème culturel fragmenté. Elles visent à bâtir un cadre juridique moderne, capable d’accompagner artistes, producteurs, artisans et institutions dans un environnement plus équitable et durable.
La première loi encadre l’organisation des métiers du cinéma, établissant les statuts professionnels des acteurs du septième art guinéen. Ce texte répond à une revendication historique : doter les réalisateurs, techniciens et producteurs d’un cadre de reconnaissance et de protection, conforme aux standards régionaux.
« Le cinéma guinéen a longtemps vécu dans l’informel, sans structure ni légitimité reconnue. Cette loi ouvre enfin la voie à une industrie digne de ce nom », confie un producteur de Conakry.
La deuxième loi met l’accent sur la préservation et la valorisation des instruments traditionnels de musique et de danse, véritables trésors du patrimoine national. Les balafons, koras, tambours et danses initiatiques figureront désormais dans un registre protégé, en réponse à la menace croissante d’uniformisation culturelle.
« Ce texte est une arme contre l’oubli. Chaque instrument, chaque rythme raconte une histoire que nous refusons de voir disparaître », a souligné un conseiller du ministère.
Le troisième texte consacre la régulation du secteur du spectacle vivant – du théâtre à la musique –, un domaine jusqu’ici marqué par un « grand désordre » normatif. Il fixe désormais les obligations des organisateurs d’événements, les conditions d’exercice et les règles de sécurité pour le public et les artistes.
La quatrième loi, très attendue, établit le statut de l’artiste et des professionnels de la culture. Elle définit les droits sociaux, les régimes fiscaux et les modalités de soutien étatique à la création. Cette reconnaissance officielle marque un tournant dans la politique culturelle guinéenne.
« Ces lois ne sont pas de simples textes administratifs, mais de véritables instruments de transformation socio-culturelle. Elles redonnent à la culture sa place de levier du développement durable et de ciment de l’unité nationale », a déclaré le ministre Moussa Moïse Sylla, visiblement ému lors de l’adoption.
La culture au centre du projet de refondation…
Cet arsenal législatif s’inscrit pleinement dans la dynamique de refondation nationale prônée par les autorités de transition. Il traduit la volonté de repositionner la culture comme pilier de cohésion et de rayonnement pour la Guinée, à l’heure où la mondialisation met à l’épreuve les identités locales.
Pour nombre d’acteurs culturels, l’adoption de ces textes ouvre un nouvel horizon : celui d’une économie créative organisée, où le talent ne suffit plus sans cadre, et où la création devient aussi un moteur de développement.
Sous la Coupole du Palais du Peuple, ce vote aura donc symbolisé une réforme ; mais aussi un véritable serment républicain en faveur des arts, de la mémoire et de la créativité guinéenne.
SITANEWS, Guinée
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