PHOTO : Présidente de la Fondation FODISAC
21 October, 2025

Entretien avec Mariama Tawel Camara, Présidente de la Fondation FODISAC

 

Le 22 octobre 1897, le roi Dinah Salifou Camara s'éteignait en exil au Sénégal, loin de sa terre natale. Plus d'un siècle plus tard, sa mémoire reste vive grâce à la Fondation Dinah Salifou Camara, en abrégé FODISAC, dirigée par sa descendante, Mariama Tawel Camara. Dans cet entretien exclusif, elle revient sur l'engagement de la Fondation, les enjeux de mémoire et les démarches pour le rapatriement de ce grand roi africain.


 

Sitanews.net : Madame la Présidente, pouvez-vous nous présenter la Fondation Dinah Salifou Camara (FODISAC) ?

 

Madame Camara : La Fondation Dinah Salifou Camara, en abrégé FODISAC, existe depuis deux ans dans la région administrative de Boké. Elle intervient dans le secteur de la culture et du patrimoine. Elle œuvre également dans la protection de l'environnement et dans l'humanitaire.

 

 

Depuis sa création, quelles sont les principales actions ou initiatives que vous avez menées à la tête de la fondation ?

 

Madame Camara : 

"En 2023, la Fondation a entrepris le projet de mausolée et de musée à Sogoboly, en vue de réhabiliter la mémoire du roi Dinah Salifou Camara. Cette importante activité a été placée sous le haut patronage du Président de la République, le général Mamadi Doumbouya, représenté par monsieur le gouverneur de la région administrative de Boké. En juillet-août 2024, la FODISAC a offert à certaines communautés impactées par l'exploitation minière dans la sous-préfecture de Kolaboui plus de mille cinq cents (1 500) pieds de palmiers à huile et d'hévéa."

 

Le 22 octobre marque l'anniversaire du décès du roi Dinah Salifou Camara. Pourquoi est-il essentiel pour votre fondation de célébrer cette date chaque année ?

 

Madame Camara : 

"Cette date est très importante pour notre fondation. En effet, le roi Dinah Salifou Camara a été « cueilli » et envoyé en exil forcé au Sénégal. Il ne reverra plus la terre de nos aïeux, le village de Sogoboly, naguère capitale du royaume Nalou. Selon des archives dignes de foi, le roi Dinah Salifou Camara s'est éteint le 22 octobre 1897 à l'hôpital militaire de Saint-Louis du Sénégal. Il était malade au moment de son décès, outre la douleur de l'exil. D'autres sources proches du dossier révèlent que le roi Dinah Salifou Camara se plaignait des dures conditions de détention qui étaient son sort à Saint-Louis. Il avait même vainement réclamé son retour sur les terres de ses ancêtres à Boké. Cette faveur, il ne l'obtint jamais. C'est donc pour nous un moment empreint d'émotion, de prières et d'appels solennels pour qu'un jour très proche, les restes mortuaires du héros national regagnent enfin Sogoboly, sur les rives du Rio Nuñez. Je rappelle que le devoir de mémoire nous a conduits à monter un projet de mausolée et de musée à Sogoboly en vue de perpétuer les traces du roi Dinah Salifou Camara et de toutes les civilisations du Kakandé."

 

La présidente de la FODISAC et son équipe en compagnie du Ministre des Affaires étrangères, de l'intégration Africaine et des Guinéens établis à l'étranger, Dr Morissanda Kouyaté

 

Avez-vous entrepris des démarches officielles auprès des autorités guinéennes ou sénégalaises pour le rapatriement des restes du roi Dinah Salifou Camara ?

 

Madame Camara : 

"Depuis maintenant deux ans, la Fondation œuvre inlassablement dans ce sens auprès du ministère de la Culture et de l'Artisanat, ainsi que de celui des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et des Guinéens établis à l'étranger. Nous avons aussi sollicité l'appui du Kountigui de la Basse-Guinée. Tous devraient faire en sorte que le Président de la République, le général Mamadi Doumbouya, en soit saisi. Je réitère cet appel à l'endroit du premier magistrat de la Guinée, dont le leadership personnel peut faire bouger les lignes ici et au Sénégal. La Fondation Dinah Salifou Camara (FODISAC) se tient à sa disposition."

 

Comment envisagez-vous de pérenniser la mémoire du roi Dinah Salifou Camara ?

 

Madame Camara : 

"Tout d'abord, en sensibilisant les pouvoirs publics au retour des restes mortuaires du héros national. C'est notre combat de tous les jours. À ce jour, la FODISAC, sur fonds propres, a envoyé cinq différentes missions à Dakar et à Saint-Louis pour documenter les traces du roi Dinah Salifou Camara. Les résultats de ces missions méritent d'être présentés au peuple de Guinée, au gouvernement, aux représentations diplomatiques, et en particulier à Son Excellence le général Mamadi Doumbouya, Président de la République. Les scolaires et universitaires y trouveront des éléments nouveaux qui inviteront à une réécriture de l'histoire de la Guinée.

 

La Présidente de la FODISAC et son équipe avec les responsables du Musée national de Guinée après une séance de travail

 

Ensuite, nous comptons sensibiliser le gouvernement, les partenaires et les personnes de bonne volonté intervenant dans le secteur de la culture et du patrimoine, afin qu'ils contribuent à la construction du mausolée dédié au roi Dinah Salifou Camara et du musée consacré aux civilisations du Kakandé. En février 2026, en partenariat avec le Musée national de Guinée, la FODISAC compte organiser une exposition photo, vidéo et de textes intitulée « Sur les traces du roi Dinah Salifou Camara ». Nous espérons en tirer quelques profits pour démarrer les chantiers du mausolée et du musée à Sogoboly, dans la région de Boké.

 

Pour terminer, quel message lancez-vous aux autorités, aux partenaires et à la jeunesse en particulier ?

 

Madame Camara : "Je dirais à nos autorités que notre action, portée par la fondation FODISAC, est un appel à la réappropriation de l'histoire, à la fierté culturelle et à la résilience. En retraçant le parcours du roi Dinah Salifou Camara et en ravivant sa mémoire, nous lançons un message fort à la jeunesse : connaître son passé est une force pour construire l'avenir.

 

Interview réalisée 

Par Aly Bongo LÉNO 

pour Sitanews.net

 

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