La Guinée possède le tiers des réserves mondiales de la bauxite, mais elle est sous-développée. Libre et souverain, ce pays d’Afrique de l’Ouest traîne depuis plus de 60 ans son squelette de pauvreté. Le réseau routier âgé et défectueux, le système éducatif et sanitaire éclopé, les institutions sont décrues, la constitution tripatouillée, la culture reléguée, la corruption mine l’administration publique et la gabegie financière affaisse l’économie au nez et à la barbe d’un appareil judiciaire malade. Cette situation lamentable a traversé les époques. Sous l’ère « révolutionnaire » et « dictatoriale » d’Ahmed Sékou Touré jusqu’aux régimes exceptionnels (Transition) en passant par l’unique pouvoir « légitime » d’Alpha Condé, la Guinée n’a jamais réussi à insuffler un sursaut de développement nonobstant ses potentiels ressources naturelles.
La Guinée face à un miroir, présage un avenir douteux. Dans les rangs des artistes et de la société civile, il fallait avoir des jeunes gens comme Foniké Menguè, Alpha Wess, et bien d’autres… pour dénoncer ces tares qui frisent l’espoir de tout un peuple. Dans cette catégorie d’artistes et citoyens belliqueux, figure un certain Mohamed Mouctar Soumah « Takana ZION ». Dans son dernier album international Human supremacy sorti en 2021, se cache le titre : « Dirigeants aveugles (DA) ». Takana nous devait-il cette chanson qui (a) prédit les maléfices d’un mandat de plus des politiques indociles du continent africain ?
« [...] Il est possible de faire un premier, il est possible de faire un deuxième, mais il n’est pas possible de faire un troisième, un troisième mandat, un troisième mandat », prédit dans son refrain, le reggaeman guinéen dans « Dirigeants aveugles ». À réécouter ICI
Au-delà de ce titre interpellateur, Takana ZION à visage découvert, a toujours été régulier sur les réseaux sociaux pour dénoncer les actes anticonstitutionnels et les malices « nuisibles » du système d’Alpha Condé.
Cet ancien Président guinéen a été renversé le 5 septembre 2021 par les militaires. Ces hommes en tenue, ont annoncé la moralisation de la vie publique et le retour à l’ordre constitutionnel. Dans les démarches, la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a tout de suite été créée. Cette cour de justice pénale au premier et au second degré, a traqué les anciens commis de l’État et leurs sbires pour venir s’expliquer devant le peuple sur leur gestion de la chose publique.