Le bâtiment litige (Boussoura, Conakry)
Publié : 15 August, 2024

Société : Une affaire foncière défraie la chronique à Boussoura, Conakry

 

Cette affaire défraie la chronique à Conakry et fait les choux gras de presse locale. Elle remonte à 2003 et oppose la famille de feu Elhadj Dah Seikhou Touré à Thierno Sadou Barry. Le litige porte sur un bien situé à Boussoura, un quartier très animé à l'entrée du centre-ville de Conakry.  

 

L'affaire est déjà sur la table des autorités communales. À ce jour, les deux parties en litige sont invitées à fournir leurs documents justificatifs respectifs. S'agit-il d'une vente, d'un bail de concession familiale ou de rien de tout cela ? C'est ce que les autorités tentent d'élucider. Cependant, l'affaire risque d'être à nouveau portée devant les tribunaux du pays. En effet, la famille Touré nie toute opération de vente ou de bail de leur domaine, tandis que Thierno Sadou Barry se proclame le principal et véritable acquéreur.

 

Le lundi 9 septembre 2024, les membres de cette famille ont manifesté pour exprimer leur mécontentement et attirer l'attention de l'opinion sur cette affaire. Selon la famille Touré, « il n'y a jamais eu de vente ou de bail de ce domaine familial ». Ils dénoncent une "escroquerie" et affirment que M. Barry tenterait de les déposséder de leur propriété.

 

« Monsieur Thierno Sadou Barry avait engagé des démarches judiciaires pour obtenir une réquisition aux fins d'expulsion de ma grande famille. Ce qui a été fait. Au cours de cette opération effectuée par les forces de l'ordre, mon oncle (Mady Touré) est décédé à la suite d'un étranglement par un militaire du nom de Rambo, qui est également décédé, comme en attestent les rapports. La famille a donc été délogée injustement et à chaque fois qu'on arrivait à la justice, tout le monde voyait la vérité. En effet, aucun membre de ma famille ne peut vous dire qu'il a vu un franc pour la vente ou pour le bail de cette concession. Et quand on demande à M. Barry, il dit qu'il a fait l'affaire avec un certain Alima Sory (le cousin de mon grand-père), mais ce dernier n'est pas le gestionnaire testamentaire. Mon grand-père a des enfants et nous vivons dans un pays de droit régi par des textes et des lois réglementaires. Malgré tout, ma famille n'a jamais cessé de rencontrer le vieux afin de négocier soit une vente réelle, soit un bail réel, sur la base de documents légaux. M. Barry a donné plusieurs rendez-vous qu'il n'a jamais respectés. Nous sommes les petits-fils du vieux. Quand l'affaire s'est passée, nous n'avions que 27 ans, mais aujourd'hui, nous sommes dans la cinquantaine et nous voudrions savoir où se trouve la vérité dans cette affaire », a déclaré Noël Mousté, membre de la famille Touré et petit-fils de feu Elhadj Dah Seikhou Touré.

 

Un nom est souvent cité dans cette affaire, Alima Sory, le supposé "complice" de l'acquéreur Thierno Sadou, qu'en est-il ? Avez-vous pris contact avec Alima Sory ? Noël Mousté répond : « Oui, j'échange régulièrement avec lui. Il est à Dakar. Je l'informe régulièrement de tout ce qui se passe. J'étais le relais entre lui et la famille. Je ne sais pas quelle est l'intention qu'il a, mais il cherche toujours à prouver son innocence et son honnêteté dans cette affaire. »

 

Pour le recoupement d'information, notre rédaction a tenté de joindre Thierno Sadou Barry, le « prétendu » acquéreur, en vain. Mais ce dernier s'était exprimé chez nos confrères de Révélateur où il rejette tout en bloc : « Le bâtiment dont il parle, je n'en suis pas le propriétaire. Moi, je ne m'appelle même pas Thierno Sadou Barry comme ils le disent. Je le répète, je ne suis pas propriétaire de là-bas, il n'y a rien entre moi et cette famille. Je ne suis pas acheteur, je ne suis pas concessionnaire, je ne suis pas propriétaire de cette maison. Je ne comprends pas pourquoi ils m'attaquent à chaque fois pour ça. »

 

Une question suscite notre curiosité : Y a-t-il des documents concernant cette affaire ? Dans tous les cas, la famille Touré se montre catégorique et soutient mordicus : « que s'il y a eu vente ou bail, c'est du faux, c'est illégal, la forme ce n'est pas notre problème. M. Barry dit que lui, il a acheté le domaine. Alors, concernant les documents, c'est ce que le maire a demandé de fournir et nous les possédons à notre niveau. Dans le cas de M. Barry, il y a beaucoup de contre-vérités qui sont relatées. Parce que nous avons tout un lot de dossier venant de la justice. Cela fait des années, parce que le dossier est pendant à la cour suprême. Nous savons que c'est la même chose, parce qu'à tous les niveaux, M. Barry est allé payer de l'argent pour obtenir la vérité. C'est pourquoi, nous sommes sortis pacifiquement pour alerter l'opinion et les médiateurs indépendants comme la mairie de Matam qui est en train d'examiner les dossiers qui sont fournis. »

 

Signature falsifiée ?

 

Notre interlocuteur, Noël Mousté, dénonce une haute magouille dans cette affaire qui n'a que trop duré. « Premièrement, on estime que la concession n'a jamais été vendue, ni baillée. Et deuxièmement, la signature de mon grand-père a été imitée, c'est fait à dessein. Donc, il n'y a pas un acquéreur, mais plutôt un usurpateur. (Il nous brandit les photos, voir ci-dessous)

 

Selon nos informations, la mairie de Matam, où se trouve le bien en litige, a établi un calendrier pour tenter de résoudre ce différend. Les deux parties ont été invitées à déposer leurs dossiers avant le 11 septembre 2024. Une réunion est ensuite prévue entre les parties, la gendarmerie, la mairie et la direction communale de l'Habitat pour étudier le dossier et trouver une solution.

 

« On veut que l'opinion nationale soit informée de ce qui se passe. C'est une question de droit et on ne va pas rester les bras croisés et voir une tierce personne nous déposséder de notre bien familial. Nous ne vivons pas aujourd'hui de l'héritage familial, car chacun de nous se débrouille à sa manière, mais c'est un droit familial. Nous voulons juste laver l'honneur de notre père et de notre grand-père qui n'a pas vendu son bien et qui a été très honnête, car il fut haut-commissaire aux comptes en Guinée avant de prendre sa retraite. Sa famille ne doit aucunement souffrir », indique M. Mousté.

 

La famille Touré est-elle prête pour une éventuelle vente ou un éventuel bail au cas où leur adversaire, Thierno Sadou, le souhaiterait ? Le porte-parole de la famille Touré est catégorique : « Pour l'instant, nous ne sommes pas dans le besoin d'une éventuelle vente ou d'un éventuel bail. Ce qui nous préoccupe pour l'instant, notre problème, c'est de récupérer les lieux et de nous rétablir dans nos droits après 22 ans. La décision finale reviendra à ses enfants. Pour le moment, on veut laver l'honneur du vieux. »

 

Affaire à suivre...

 

Sitanews

 

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