La batterie d’Émile Biayenda fait battre le cœur de Strasbourg

A l’occasion d’un concert de Jazz d’Or le 9 avril 2024, le batteur congolais a retrouvé la scène de Strasbourg dans un trio représentant la France, le Maroc et le Congo avec François Raulin au piano, Majid Bekkas au guembri et Émile Biayenda à la batterie. Comme l’a souligné Philippe Ochem, directeur du festival Jazz d’Or : « Ces trois musiciens ont une complicité musicale depuis des années et ce sont des habitués du Festival ».

Article de Rita Stirn pour Sitanews

Émile Biayenda, Majid Bekkas et François Raulin ont présenté leurs compositions au public strasbourgeois en alternant des solos qui ont en commun la culture rythmique africaine associée au Jazz. Leur complicité se retrouve notamment dans une introduction mélodieuse où tous les trois jouent du mbira, un instrument traditionnel africain désormais répandu sur tout le continent et que l’on appelle aussi piano à pouces, avec des touches en forme de lamelles en métal sur un boitier en bois. En 2020, la musique du mbira a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

 Majid Bekkas / Crédit photo Teona Goreci pour Jazz d'Or

Majid Bekkas, originaire du Maroc, exprime l’africanité de la musique marocaine par son répertoire gnaoua évoqué dans le morceau intitulé Guinea. Il joue du guembri, l’instrument à trois cordes en peau de chameau, emblématique de la musique gnaoua. Majid Bekkas a créé un style musical, le gnaoua blues, une musique qu’il fait connaitre sur les scènes internationales avec différentes formations mais aussi par la diffusion de ses albums sur son label Igloo. Il joue également d’une guitare spéciale pour gaucher, à cordes métalliques, pour interpréter certaines de ses compositions.

Émile Biayenda, le batteur du trio, est connu comme percussionniste congolais, fondateur des Tambours de Brazza, une formation pionnière dans la diffusion des rythmes congolais et africains. Il vit actuellement à Angoulême, une ville qu’il a connue pendant le Festival Musiques Métisses et où il a décidé de s’installer lorsque son pays était en guerre en 1997. Il est toujours le leader des Tambours de Brazza, qui en sont à la troisième génération.

« Au commencement était le rythme » dit Émile Biayenda en faisant référence au fait que sur terre, toute activité possède un rythme. « En musique, la trilogie instrument-humain-contact donne le son et il est universel » ajoute-t-il. Comme percussionniste, Émile Biayenda assure un cours au Conservatoire d’Angoulême, qu’il a intitulé Percussions ethniques. Son enseignement consiste à donner ce qu’il appelle les clés des rythmes africains et à expliquer la culture africaine du rythme à ses élèves du Conservatoire. Il fait également des animations musicales dans les écoles et met l’accent sur l’éveil de la curiosité pour les spectacles vivants dont il est un défenseur.

A ce titre, Émile Biayenda a créé SOBA, son trio de blues mandingue avec harmonica, guitare et percussions, dont l’album sortira en septembre. Sur scène, Émile Biayenda joue également dans le Big Band d’Ève Risser, compositrice, pianiste et flûtiste, appelé le Red Desert Orchestra. Voici un extrait de Cultur’in the Citypour évoquer la créativité musicale d’Ève Risser dans Eurythmia :

 François Raulin /Crédit photo Teona Goreci pour Jazz d'Or

« Où situer la musique d’Eve Risser et du Red Desert Orchestra ? Entre jazz équilibriste, groove organique, énergie tellurique et inspiration solaire, elle est née d’un « désir d’Afrique » de la pianiste française. Balafon, djembé, bara ont rejoint les instruments qui composaient déjà sa précédente formation, le White Desert Orchestra. Douze incroyables musiciens improvisent sur des boucles invitant à la transe, d’où émergent des solos voltigeurs. On entend parfois le pas lourd de quelques pachydermes, le galop précipité des chevaux, le souffle de le harmattan, et puis, après la tempête et l’étourdissement, une apaisante petite pluie de balafons. La musique d’Eve Risser, habitée par ces nouvelles influences, semble atteindre des sommets de fièvre et d’heureux égarements dans ce désert, rouge comme le sol mandingue, où tout semble pouvoir germer ».

Performance polyrythmique, créativité dans le dialogue des cultures, enseignement et transmission sont la feuille de route d’Émile Biayenda dont les deux enfants ont choisi une carrière musicale et artistique !

Liens à consulter pour des extraits musicaux :

Ève Risser Eurythmia   https://youtu.be/YYPEAHOecig

Majid Bekkas 

https://www.igloorecords.be/album/joudour-majid-bekkas/

YouTube Concert de creation en 2018 du trio François Raulin, Majid Bekkas, Émile Biayenda.