Un possible retour du groupe Kill Point serait-il envisageable ? La question est posée. D’ici, nous observons la sortie de l’album solo de Prophet Gee, ét Aizeko membres du groupe. Peut-être, qui sait le groupe déciderait de se retrouver autour d’un projet commun.
On ne peut pas tordre le cou à l’histoire du rap guinéen ! Dans les années 90’, paraissait Kill Point avec son « armée ». Il fut constitué en haute banlieue de Conakry par Aizeck’O et Prophet-Gee avant que Mooz Bee et les autres ne rejoignent plus tard le groupe.
Au bout du compte, Kill Point était perçu en Guinée comme un État dans un État. Aux côtés du bas peuple, ce crew avait l'aplomb de tenir tête aux « dinosaures » et aux gros bonnets de la nation. Dénoncer les manœuvres dilatoires d’un système de gouvernance sectaire, était l’aphorisme et le sacerdoce du groupe durant tout son règne.
En vendetta avec le pouvoir de feu Général Lansana Conté, Kill Point s’est porté volontiers de défendre le peuple à travers sa musique. Pendant de longues années, Amadou Barry et son Rap-band ont porté le flambeau d’un peuple et sa jeunesse abdiqués.
Kill Point était la voix crédible des sans voix face à un système militaire « entièrement » corrompu et cousu de gabegie financière et de loterie judiciaire dans un silence caverneux des institutions de la république. Une situation qui a affaibli l’économie du pays, et exposé le peuple à l’extrême pauvreté. Au regard de ces réalités, Amadou Barry (Prophet-Gee) et sa clique se sont engagés au nom de la démocratie, dans une lutte citoyenne pour peindre le bambou d’une gouvernance souillée par les cadres indociles et véreux de la république. Un courage singulier qui a valu au groupe Kill Point, une grande notoriété et un respect absolu. La responsabilité était lourde et il fallait la porter.
A cause de son engagement face au pouvoir de Conakry et ses sbires, Kill Point a toujours été censuré sur les ondes des médias d’État. Cette situation a duré longtemps. Mais les MC’s trouvaient toujours un moyen d’expression et de vulgarisation.
En première ligne de front, Kill Point a mené fièrement le combat en faveur d’un peuple qui traîne au quotidien son squelette de misère, et depuis 1958.
De Bomboli à Yomou, Kill Point fut le groupe urbain le plus représentatif et fédérateur de la jeunesse guinéenne. Son premier album Foré Bôma sorti en 1996 a connu un succès immédiat. Plusieurs autres opus du genre ainsi que des compiles de grande portée en ont suivi. De Conakry à Paris, le groupe a su graver son histoire sur les rochers et sur le macadam. L’applaudimètre a toujours été de son côté.