Cirque Tinafan au MASA 2024 : Photo : DR
Publié : 14 August, 2024

En Guinée, ces jeunes artistes prennent de gros risques...

 

Article actualisé le 15/08/2024 à 10h 06min

Alerte Info. En Guinée, l'avenir des troupes de cirque est compromis par de nombreux défis. Malgré leur contribution à la renommée internationale de la Guinée, ces acrobates sont confrontés à de gros risques et manquent de soutien : le manque de moyens financiers, d'infrastructures et d'équipements adéquats entrave sérieusement le développement de cet art performatif.

Le sous-financement chronique du secteur culturel en Guinée pèse lourdement sur les troupes de cirque. Faute de moyens financiers, ces artistes peinent à couvrir les coûts de fonctionnement, d'entraînement et de tournées. Nombre d'entre eux doivent exercer d'autres métiers pour subvenir à leurs besoins, au détriment de leur pratique circassienne.

 

L'absence d'infrastructures adaptées entrave considérablement l'activité des cirques. Le manque de chapiteaux, de salles de spectacle et d'espaces d'entraînement adéquats les contraint à improviser dans des conditions précaires et dangereuses. Cela accroît les risques d'accidents graves pour les acrobates. Illustration : En septembre 2023, un acrobate et danseur talentueux, Lansana Camara, surnommé "Sana" et faisant partie du groupe "Amoukanama", a perdu la vie. Le tragique accident est survenu lorsque Lansana a chuté sur son cou lors d'une acrobatie dangereuse à l'issue d'une séance de répétition. Transporté d'urgence à l'hôpital, il a malheureusement succombé à ses blessures quelques heures plus tard.

 

Le danger lié à l'exercice même du cirque est exacerbé par ces carences. Sans filets de sécurité, rampes d'accès ou systèmes d'assurance, les acrobates guinéens prennent des risques démesurés, menaçant leur intégrité physique. Cette situation met en péril la pérennité de leurs troupes et la transmission de cet art ancestral.


Joint par notre rédaction à Conakry, Moustapha Cissé alias "Dalaive Le Villageois", manager du groupe "Amoukanama" créé en 2017, déplore : "La plupart des jeunes qui forment les groupes de cirque viennent des quartiers populaires. Ce qui signifie qu'ils sont confrontés à des difficultés financières qui les empêchent de subvenir à leurs besoins. Ces groupes sont abandonnés à eux-mêmes : pas de salle de répétition, pas de matériel de travail, les besoins sont énormes, etc. Pourtant, ce sont des jeunes qui font la fierté de notre pays. Mon groupe Amoukanama a obtenu un terrain à Maferenya (Basse-Guinée) pour construire leur propre salle, malheureusement, ils n'ont pas les moyens, et cela fait 3 ans que nous avons lancé un appel à l'aide, en vain."

 

Face à ces défis, un soutien accru semble indispensable pour garantir l'avenir du cirque en Guinée. Des investissements dans les infrastructures, les équipements et la formation des artistes permettraient de sécuriser et de développer durablement cette activité culturelle qui fait honneur à la Guinée.

 

Par Mariam Diallo, stagiaire à Sitanews

 

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