Capture du clip "Le Temps"
16 November, 2025

Aïzéko : « Le Temps », la sagesse de la plume du maître (Chronique de Sita)

 

Dans l’univers du rap africain de Guinée, un souffle de profondeur subsiste encore malgré les influences, les tendances et les évolutions du genre. Aïzéko, ex-membre fondateur du grand groupe « Kill Point », revient fier, avec un titre évocateur : « Le Temps ». Il est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal. Ce titre résonne en méditation cantique sur la vie, la solitude et la résistance face aux aléas du monde perfide.

 

Dans « Le Temps », Aïzéko ne cherche pas à éblouir par la démesure ou les extravagances. Au contraire, il s’inscrit dans une démarche introspective où le récit du vécu personnel se mêle à une réflexion universelle sur la condition humaine.

 

Dès les premières lignes, il pose un constat : la vie n’a jamais été un conte de princes et princesses, les rêves de luxe sont remplacés par la lutte quotidienne, solitaire mais digne.

 

Cet état d’âme transparaît dans son choix de mots : « Je n’ai plus d’amis ! Cela me fait tant d’économies, en palabres, calomnies et collection d’ennemis. »

 

La solitude choisie, loin d’être perçue comme une faiblesse, devient une arme de survie, une manière de préserver son « âme » dans un monde pollué par les faux-semblants. S’allier à soi-même plutôt qu’à de faux amis, voilà un message d’une rare sincérité portée par un patriarche du rap (Aïzéko).

 

Une fresque sur le temps, ce grand maître…

 

Le refrain, répétitif et hypnotique, s’articule autour de cette idée centrale : « Tout est temps, tout n’est que temps. » Le temps, au-delà d’une donnée factuelle, une mesure des secondes qui s’écoulent, reste une force révélatrice. C’est lui qui dévoile les vérités, écarte les illusions, fait tomber les masques. Le temps guérit mais expose aussi les blessures béantes, les trahisons, ce que certains appellent la vraie nature des hommes.

 

Dans « Le Temps », Aïzéko lance également une critique sociale sous-jacente puissante : le système est construit pour maintenir l’opprimé « en dessous », dans une position permanente d’infériorité. Et le rappeur, lui, pointe du doigt les mécanismes d’exploitation, la division entretenue, la frustration qui découle de ce schéma dont chacun subit les effets d’une manière ou d’une autre. Dans cette confrontation, aucune « âme seule » ne peut prétendre à la victoire, car la bataille est collective et insidieuse.

 

La clé de la sagesse d’Aïzéko semble résider dans sa façon d’accepter le temps, de s’en faire un allié plutôt qu’un ennemi. Il rappelle qu’il ne sera « pas fataliste », malgré plus d’un demi-siècle à affronter les tourments de l’existence. Son regard s’affranchit « des avis des gens » et rejoint cette quête très contemporaine d’authenticité et d’émancipation individuelle.

 

La dimension spirituelle filtre également à travers les mots, avec des références qui vont de Hamdoulah à Confucius, soulignant l’ouverture et la profondeur de son propos, enraciné dans des valeurs universelles.

 

Avec « Le Temps », Aïzéko signe une œuvre intemporelle par le sens de chaque mot qui touche l’essence même du parcours humain. Dans un paysage musical dont le succès est éphémère et superficiel, Aïzéko incarne cette figure du « grand maître » du rap dont la plume invite à l’humilité.

 

Le temps, dans son art, est le témoin et le maître d’une vie qui se construit dans la lutte, la patience, le dépassement de soi. Un message précieux, porté par un artiste qui refuse de raccrocher le microphone, porteur de mots qui pansent et qui guérissent.

 

Le clip ici >> https://urls.fr/d1KBrZ

 

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