A changer
Publié : 06 October, 2021

Affaire Momo Wandel (Enquête) : le droit de réponse de Laurent CHEVALLIER

Sitanews© a récemment rendu publique son enquête sur les droits de l’artiste guinéen Momo Wandel Soumah. Cité en partie dans la publication, le cinéaste français, Laurent CHEVALLIER réagit. Voici in extenso son droit de réponse.
ILLUSTRATION : Photo prise en chez Mamady KEITA-« Djembefola » à Matoto (photo de  Billy TOURE ) Laurent CHEVALLIER
«  DROIT DE REPONSE A PROPOS DE L’ARGENT DE MOMO WANDEL »
Récemment un organe de presse guinéen – Sita News a publié une « enquête exclusive » ayant pour titre : « A qui profite l’argent de Momo Wandel » ?
Cet argent, d’après l’auteur, serait détourné à l’étranger par les maisons de disque ou par les proches collaborateurs... au détriment des héritiers de Momo Wandel.
Devant des accusations aussi graves, il est bon de revenir sur la réalité de ces rumeurs.
Après avoir connu Momo Wandel Soumah, grâce à Bailo Telivel Diallo , alors Directeur National de la Culture de Guinée, j’ai eu la chance de travailler durant dix ans avec Momo, de 1993 à 2003, lui comme musicien et acteur et moi comme réalisateur de films – L’Enfant Noir, Circus Baobab, etc..
Je n’étais ni son producteur ni son manager, il n’y a donc jamais eu de problème d’argent entre nous. Au contraire puisque la confiance était totale. Il m’appelait « fiston », je l’appelais « papa » et il me demandait même de relire pour lui chacun de ses contrats avant de signer quoi que ce soit avec ses producteurs !
C’est à la même époque, en 2000, qu’on a pu le faire venir en France à l’hôpital de Chamonix pour que mes amis médecins puissent l’opérer gratuitement de sa hanche.
Comme disait Momo, « on a besoin d’argent ok mais si tu mets l’argent en première position, tu perdras tes amis et tu seras foutu »...
Voilà pourquoi je pense être assez bien placé pour dire que toute cette enquête à charge est fondée, dès le départ, sur un énorme mensonge. ( Mais comme on dit, « plus c’est gros plus ça passe ?»)
L’auteur affirme en effet que, dix huit ans après la mort du doyen, les Français s’arracheraient les albums de Momo qui se vendraient comme des « cacahuètes » au point de créer des ruptures de stock ! Mais il se garde bien de publier le moindre chiffre de vente et pour cause puisque cette affirmation est totalement fausse !
En vérité, les 3 CD de Momo ont été produits par des maisons de disque artisanales,
( Buddha Musique, Fonti Musicali, ...) avec des tirages limités, entre 1000 et 2000 exemplaires. Contrairement à Bob Marley, (cité dans l’enquête et qui fut produit par des majors), Momo n’a jamais été vendu à des millions d’exemplaires ! On peut le regretter tellement sa musique était belle mais c’est un fait. De plus, à l’exception d’une version vinyle plus récente de « Matchowé » éditée à 500 exemplaires, aucun de ces 3 CD n’a été réédité depuis des années. Voilà pourquoi, on trouve une perle rare à plus de 80 € sur internet. Donc ils ne peuvent plus se vendre en boutique ou si peu et encore moins générer des sommes colossales en droits d’auteur ou royalties.
Il faut d’ailleurs bien distinguer à ce niveau les droits d’auteur et les royalties.
Les droits d’auteur sont reversés en France à la Sacem ou à la SBAM en Belgique. Ces sociétés d’auteur reversent ensuite les droits de Momo au BGDA. Il serait donc utile que notre enquêteur aille fouiller de ce côté pour savoir si ces droits sont reversés intégralement ou pas à la famille de Wandel par le BGDA ?
Quant aux royalties, il sont reversés par les maisons de disque régulièrement à Mawa, la fille de Wandel ( « ma sœur ») qui gère les affaires de son feu père et qui possède un double de tous les papiers de ces versements.
Après avoir contacté le producteur Gilles Fruchaux de Buddha Musique qui gère les 3 CD de Momo, reste aux ayants droits à percevoir des royalties pour 250 vinyles vendus et pour la diffusion de certains morceaux sur les plateformes de streaming. Au passage, Gilles m’a informé que l’enquêteur de Sita News n’a jamais cherché à rentrer en contact avec lui alors qu’il est la personne la mieux informée sur ces chiffres de vente. Rien d’étonnant puisque ce même enquêteur devait me rappeler pour fixer un RV et que j’attends toujours son coup de fil...
On est, en tout cas, bien loin des « revenus incroyables » engrangés par les œuvres de Momo, de maisons de disques qui s’enrichiraient « en permanence sur le cadavre de Momo » ! (accusation gratuite et sordide...) et donc d’une « affaire sulfureuse de détournement » !
Alors à quoi bon faire du buzz médiatique avec ce genre de faux scoop et entretenir de vains espoirs auprès de la famille de Momo ? Elle qui, auparavant vivait grâce aux cachets et aux droits de Momo et qui n’a plus aujourd’hui de fils musicien dans la famille pour le remplacer.
Bref à qui profite le crime ?
La question reste entière et notre enquêteur serait bien avisé de revoir sa copie avant de prétendre mener une « enquête exclusive » car pour l’instant, elle n’a d’exclusif que
la quantité de contre-vérités sur laquelle elle est fondée... »
Laurent Chevallier - cinéaste 
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