Dans une immersion sans équivoque au cœur de la scène musicale guinéenne, l'interview avec TOURÉ Adams, promoteur culturel et manager, révèle les coulisses intrigantes et les complexités qui entravent la sortie tant attendue du nouvel album du groupe Banlieuz'art (BLZ). Explorons les détails et les intrications profondes de cette aventure artistique, où les enjeux financiers, les défis personnels et les dissensions internes s'entremêlent dans un crescendo fastidieux. Une situation qui laisse présager l'avenir incertain de l'un des groupes préférés des Guinéens et les plus représentatifs de la banlieue. Entre ambitions étouffées, tensions internes et regrets – Les dessous explosifs d'une attente interminable. Le manager du groupe BLZ nous livre ses vérités. [REPOST]
Interview exclusive !
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Sincèrement, dites-nous Adams, l'album de Banlieuz'art sortira-t-il à la date indiquée, c'est-à-dire ce mois de mars ?
« Il est techniquement possible de livrer l'album ce mois-ci, bien que nous ayons déjà pris du retard en raison de la maladie de Marcus. Ensuite, je me rends compte que les artistes n’ont pas pris conscience de l’engagement que nous avons pris. Parce que si on vous octroie une somme de plus d’un milliard de francs guinéens, soit plus de 100 000 Euros, c’est quand même une somme importante pour finaliser un album et puis faire le développement artistique […]. Je n’aime pas trop faire d’interview dans la presse, mais là pour le coup, je me le permets afin d’attirer l’attention des artistes, pour leur dire en gros de se réveiller. »
Qu’est-ce qui empêche réellement la sortie de cet album à ce jour ?
« Il y a une crise interne qui ne date pas d'aujourd'hui. Cette crise empêche une entente parfaite entre les deux artistes. Bien que les deux artistes fassent croire au public que tout va bien, en réalité, ce n'est pas le cas. Il y a eu beaucoup de conflits entre eux, ce qui fait que chaque fois King Salomon a ses vieux démons. Par conséquent, il adopte des comportements problématiques [...].
Aujourd'hui, la véritable entente entre eux fait défaut. Pour finaliser cet album et pour que Banlieuz’art renaisse, il est essentiel que Marcus et Salomon se confrontent et discutent de leurs problèmes de manière directe. Sinon, cela ne serait que des réconciliations de façade, où l'on fait semblant que tout va bien alors que ce n'est pas le cas. Cela relèverait d'un comportement hypocrite […]. »
"Salomon est sympathique et sociable, mais sauf qu'il
traîne des vieux démons"
En tant que manager, qu'est-ce que vous avez fait pour concilier les deux ?
« Dans un premier temps, j’étais très souvent avec Marcus. J'ai souvent cherché aussi à comprendre ce que King Salomon avait dans la tête en passant du temps. J'ai réalisé qu'il est quelqu'un de très sympathique et sociable, mais sauf qu’il traîne des vieux démons. Parfois, il peut être de bonne humeur, puis être subitement affecté par des événements survenus il y a quelques années, ce qui entraîne un comportement inapproprié. Ça peut être de l'injure et s'isoler pendant des semaines... Il a du mal à communiquer avec Marcus sur ses problèmes et exprime cela de manière différente. Cette manière de se comporter n’arrange pas le groupe. J'ai pris le temps de discuter avec eux. Ce sont des grands garçons. J'ai écouté leurs versions respectives, en me positionnant toujours de manière neutre et en cherchant à leur faire comprendre l'intérêt de trouver un terrain d'entente."
Par rapport au retard de cet album, est-ce que les responsabilités sont partagées ?
« Les responsabilités sont bien sûr partagées. Quand on a reçu l'argent, les deux ont ouvert un compte commun. Moi je n’avais pas la mainmise sur l’argent. C’est eux qui en avaient la gestion. Quand il y avait des dépenses à faire, je m’occupais des rapports et les différentes démarches à suivre, et Marcus décaissait l’argent. Donc au niveau économique, ça c’est à leur niveau. À ce stade-là, il n’y avait pas eu de souci, sauf que, il faut plus de responsabilités. On ne peut pas être un groupe qui a fait autant de succès en Guinée, qui est le groupe guinéen le plus connu, qui a rempli des stades, et puis on perçoit une subvention d’1 milliard de francs guinéens, et aujourd’hui, on traîne à sortir un album. Ce n’est pas la qualité qui manque ni l’inspiration, loin de là. Ils ont une trentaine de chansons, il suffit juste de les mixer et de les masteriser, et puis, on sort un album ».
Quel est aujourd’hui le rapport entre toi en tant que manager et le groupe ?
"Je suis souvent en contact avec Marcus, on se parle souvent, mais avec King Salomon, non. En fait, l'un des principaux problèmes de Salomon est qu’il est trop introverti. Il a du mal à confronter Marcus et à lui dire les choses en face. Il garde beaucoup de choses pour lui sans les partager avec son binôme Marcus.
S'il y a des choses que Marcus aurait faites il y a 15 ans, il devrait les évoquer et ils devraient régler ça en interne. En Guinée, les gens ne se réveillent pas qu’en pensant au groupe Banlieuz’art, ils n’ont pas que ça à faire, il y a des milliers d’autres artistes qui émergent. Il faut dire aux mélomanes, aux fans de Banlieuz’art que les problèmes, ce sont eux, personne ne veut les diviser. Ce sont des grands garçons. Ce sont des intellectuels et ils ont la quarantaine, donc, ils ont la capacité d’analyser les choses et de voir où est le problème, qui n’est pas Adams TOURÉ encore moins Elie KAMANO.
"[...] par manque de sérieux et de responsabilité, ils stagnent au même niveau. [...] ils sont habitués à un mode de vie qui n'est pas du tout professionnel. »
Cette situation avec Banlieuz'art te freine-t-elle dans ton élan ?
« Oui, car j'avais des ambitions pour mon retour en Guinée. Je gère le meilleur groupe du pays, ce qui représentait pour moi une opportunité de me démarquer. Malheureusement, j'ai fait tout ce que je pouvais pour mener les choses à bien. J'avais déjà prouvé mes compétences bien avant cela. Si ce projet a vu le jour aujourd'hui, c'est parce que c'est moi qui l'ai conçu. J'avais espoir de propulser Banlieuz'art au plus haut. Quand je vois des artistes comme DIDI B [rappeur ivoirien NDLR] qui se produit dans des grandes salles comme l'Olympia, la salle la plus prestigieuse de France, en seulement deux ans de carrière solo. Pendant ce temps, eux (Banlieuz'art) possèdent le talent, la mélodie, le groove, l'inspiration, mais par manque de sérieux et de responsabilité, ils stagnent à ce niveau. Le problème est interne, ils sont habitués à un mode de vie qui n'est pas du tout professionnel. »
"[…] des rendez-vous pas honorés, des séances de studio pas respectées... ils ne sont pas professionnels, ils ne sont pas trop visionnaires."
En clair, est-ce que tu regrettes aujourd’hui d’avoir collaboré avec Banlieuz’art ?
"Oui, il y a un regret, parce que j'avais repris le groupe avec beaucoup d’ambitions, mais hélas. J’ai connu le groupe à travers les différents sons de leurs trois albums et singles. J’ai également entendu plein d’autres histoires les concernant auparavant, mais je suis plutôt déçu par leur manque de professionnalisme. Ils sont bons humainement, mais ils ne sont pas professionnels. Il y a trop de choses qui rentrent en ligne de compte et qui font que difficilement ils seront professionnels : C'est des rendez-vous pas honorés, des séances de studio pas respectées. Marcus, encore lui, ça va, mais King Salomon lui, n’est jamais là. C’est pourquoi je demande à Marcus de faire encore plus d’efforts. On avait un projet de monter une fondation, j'avais fait les logos, j’avais commencé à rédiger les statuts, on avait également un autre projet de monter la structure BANLIEUZ’ART CORPORATION, mais là aussi, pareil. Tout ça n’a pas été fait parce qu’ils ne sont pas professionnels, ils ne sont pas trop visionnaires."
"Personne ne cherche à vous diviser. [...] le retard de la sortie de l'album est dû au manque de responsabilité des artistes eux-mêmes"
"Quel est ton appel à l'action aujourd'hui ?
« Je m'adresse en premier lieu aux artistes, Marcus et King Salomon. Je veux leur rappeler que l'album doit sortir au mois de mars et que nous avons encore une dernière étape à franchir, et il est impératif de la réaliser. Il est essentiel d'agir de manière professionnelle, de régler nos différends en interne, et de ne pas feindre que tout va bien avec des larmes de crocodile. Il est nécessaire d'arrêter de prétendre que quelqu'un cherche à semer la discorde entre vous. Personne ne cherche à vous diviser. J'aimerais également interpeller l'opinion publique et les fans de Banlieuz'art sur la situation actuelle, afin de souligner que le retard de la sortie de l'album est dû au manque de responsabilité et de professionnalisme des artistes eux-mêmes. Il est temps pour eux de se réveiller, de se mettre au travail, et de sortir l'album.
Je le répète : Marcus doit redoubler d'efforts, car il porte la plus grande responsabilité. Pour ma part, je souhaite prendre l'exemple d'Asalfo de Magic System, qui se montre toujours à l'avant-garde et constamment investi. J'ai assisté à des sessions en studio où il était le premier à arriver et le dernier à repartir.
Quant à King Salomon, je l'encourage à se ressaisir. Il est facile de faire des déclarations, mais il est important qu'il renoue avec de meilleures intentions pour que nous puissions enfin sortir cet album. Nous sommes dans l'attente d'une date butoir et nous devons la respecter."
Aboubacar BAH (Bakary Potter)
Pour Sitanews
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