Les musulmans de Guinée, à l’instar de ceux du monde entier, ont célébré le vendredi 6 juin 2025 la fête de Tabaski, « Aïd el Kébir », l’une des journées spirituelles, commémoratives et festives les plus importantes de l’Islam. Mais au-delà de cette communion religieuse, une dynamique socio-économique, celle des industries culturelles et créatives, joue une partition du lever du soleil à la tombée de la nuit afin de donner à cette journée toute la noblesse qu'elle mérite.
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La prière, loin de son aspect purement religieux et spirituel, est aussi un moment de rassemblement de la communauté musulmane. En Guinée, comme dans la plupart des pays africains et dans ceux où réside la diaspora africaine, chacun y arbore sa jolie tenue, confectionnée des jours ou des semaines en amont de la fête par des tailleurs, des couturiers, de véritables stylistes-modélistes en devenir. Réalisées à base de textile local ou de bazin, ces tenues sont l’aboutissement d’un travail artisanal qui lie savoir-faire ancestral et inspiration contemporaine.
S’invitent aussi, à cette parade de couleurs et de tissus, différents styles de coiffure pour sublimer les visages. Hommes, femmes et enfants, chacun dans le respect des principes de la religion, se présentent avec une coiffure — cheveux pour les hommes et foulards pour les femmes — donnant une touche artistique supplémentaire à leurs tenues.
De retour à la maison, les fidèles musulmans se régalent avec des succulents plats traditionnels et des boissons naturelles, pour la plupart. Ces éléments sont des ambassadeurs de la gastronomie de chaque localité, une palette de saveurs qui rappelle la doigtée magique et la créativité culinaire des femmes africaines.
S’y mêlent des pas de danses traditionnelles exécutés sur des sonorités propres à chaque région (Mamaya, Kania Soli, etc.) ou des musiques tendance, afin de lier l’utile à l’agréable. Cette journée est aussi célébrée sur des notes musicales et par des mouvements corporels, la danse exprimant la joie des musulmans.
À quelques jours et aux premières lueurs de l’Aïd el Kebir, des supports de communication rappellent la fête et sa célébration. Par voie digitale ou physique, on y trouve des visuels inspirés du mouton, symbole de la fête.
Et récemment, des ressortissants de certaines villes guinéennes ont initié des mouvements de célébration sous un format « retour aux sources » avec le concept Donkin, un patrimoine qui s’intègre désormais dans chaque communauté. Cet acte citoyen est à saluer et à pérenniser, car il permet à la jeune génération de découvrir ses origines et encourage le tourisme culturel qui, de facto, alimente l'économie locale et promeut les patrimoines. Dans chaque ville, les festivités prennent plusieurs formes : chez certains, on assiste à des festivals, chez d'autres, à des foires d'exposition.
Derrière chaque détail contribuant à la réussite de la fête de Tabaski, en Guinée et dans certains pays africains, il y a des professionnels, des passionnés qui donnent vie à nos traditions et les maintiennent vivantes. Certains sont prestataires, d’autres entrepreneurs. Ici, nous les appellerons les rouages des industries culturelles et créatives qui font tourner l’économie créative, même si elle reste invisible aux yeux de la société.
Célébrer l’Aïd el Kébir est un devoir confessionnel pour tout musulman. Reconnaître le travail accompli par ces artisans, ces créateurs de mode, ces chefs cuisiniers (officiels ou non), ces coiffeurs, ces musiciens et chanteurs, ces designers qui font de chaque fête de Tabaski un moment inoubliable doit être un geste républicain. Cela passe par la promotion des métiers culturels et créatifs, car jusque-là, ils ne sont pas suffisamment valorisés ni vulgarisés en Guinée. Cette négligence freine l’économie créative qui, pourtant, génère d’importants revenus pouvant contribuer au PIB national.
Par Cheick Alpha Ibrahima Camara (Alpha le Sérum)
Fondateur des médias Generations224.info et Culturbaines.com
Commissaire Général de l'événement « Rencontre des Industries Culturelles et Créatives - RICC »
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