La Ville de Nice est un berceau historique du Jazz en France et le premier festival de Jazz y a été créé en 1948. Le Nice Jazz Orchestra (NJO) représente le vivier de talents musicaux de la région. Chaque année, depuis sa création, il donne rendez-vous au public niçois pour un hommage à un artiste mythique du Jazz. Cette année le choix a porté sur l’incontournable génie du Jazz qu’est Wayne Shorter. Cet évènement est prévu du 31 janvier au 2 février 2025 au Théâtre Francis Gas. Un premier hommage en France depuis sa disparition le 2 mars 2023.
Article de Rita Stirn
Pour Sitanews, France
Le public est au rendez-vous en ce vendredi froid et pluvieux et Pierre Bertrand, le directeur du NJO, ne manque pas de remercier les fans de Jazz qui ne se soucient guère de la météo lorsqu’il s’agit de la musique de Wayne Shorter ! Un titan du Jazz qui a joué avec les musiciens américains les plus emblématiques des années 1960. Sa carrière longue de soixante ans est devenue mémorable par ses compositions et ses incursions dans d’autres univers musicaux après son passage au quintet de Miles Davis, allant de Weather Report qu’il a cofondé avec Joe Zawinul en 1970, à la musique brésilienne avec Milton Nascimento, de Carlos Santana à Joni Mitchell, jusqu’aux Rolling Stones. Il créé le Wayne Shorter Quartet dans les années 2000 et obtiendra le Grammy Lifetime Achievement Award en 2014 Après avoir obtenu douze Grammy Awards, il continuera à innover avec, entre autres, le bassiste Marcus Miller et à côtoyer de jeunes interprètes comme la bassiste Esperanza Spalding. Même malade, et à plus de 80 ans, il continuera à jouer jusqu’à quasiment son dernier souffle en 2023.
Pour le concert d’ouverture, le NJO propose les compositions et arrangements du musicien mythique, prêtés par l’Orchestre National de Montréal, et des arrangements originaux écrits pour l’occasion. La connexion canadienne se traduit par la présence du trompettiste montréalais Ron Di Lauro qui jouera en alternance avec un autre invité de marque, le trompettiste français Sylvain Gontard.
Les morceaux choisis pour la soirée retracent le riche parcours musical du compositeur et saxophoniste, ténor et soprano, Wayne Shorter, né le 25 août 1933 à Newark, New Jersey et décédé à Los Angeles, le 2 mars 2023. Dès ses débuts à New York avec les Jazz Messengers d’Art Blakey, qu’il rejoint en 1959, Wayne Shorter se fait remarquer pour son talent, puis vient l’appel irrésistible de Miles Davis et de son quintet en 1964 avec ce commentaire de Miles : « Avoir Wayne me comblait, parce que je savais qu’avec lui, on allait faire de la grande musique. C’est ce qui est arrivé, très vite ». Wayne devient le compositeur novateur de la dream team de Miles Davis dont les membres sont Ron Carter à la basse, Tony William à la batterie et Herbie Hancock au piano.
Ce soir, le NJO commence par interpréter One + One, un morceau qui donne l’occasion au public de découvrir les solos des musiciens, un par un. En fait, ce morceau a été composé en duo avec Herbie Hancock qui, en ami fidèle, avait soutenu Wayne Shorter lors de la perte tragique de sa femme Ana Maria dans l’accident d’avion survenu en 1996.
On enchaîne avec Speak no evil, titre de l’album éponyme composé en 1965 et diffusé sur le célèbre label Blue Note. Wayne Shorter y était accompagné de Freddie Hubbard (trompette), Herbie Hancock (piano), Ron Carter (basse) et Elvin Jones (batterie). Le répertoire se poursuit avec Infant Eyes de 1966 dont Pierre Bertrand nous dit : « Tout musicien rêve de composer un jour un morceau comme Infant Eyes ». Le pianiste du NJO commence et joue les phrases denses et douces d’une mélodie flottante aux accords inattendus selon les mots du pianiste italien Alberto L. Ferro qui propose une analyse de cette composition de Wayne Shorter, un compositeur qu’il qualifie de visionnaire et de sorcier aux portions magiques. Il souligne le regard d’étonnement, semblable à celui d’un enfant, que porte Wayne Shorter sur la musique pour y apporter ses couleurs et harmonies novatrices.
Après Infant Eyes, les musiciens du NJO passe à Witch Hunt du même album paru en 1966, qui met à l’honneur leur talent de solistes : Cyril Galamini au trombone, Fred D’Oelsnitz au piano, Christian Pachiaudi à la contrebasse et Alain Asplanato à la batterie, ces derniers sont respectivement les directeurs artistiques de l’orchestre. S’ensuit This is for Albert qui deviendra This is for Gilbert, à la mémoire du journaliste musical niçois, passionné de Jazz, Gilbert d’Alto. Yes or No, sorti en 1965 sur l’album Juju est le dernier morceau du répertoire annoncé. C’est l’occasion d’un bel échange au tempo rapide entre les deux trompettistes. Mais il n’est pas question de s’arrêter, et il y aura un rappel immédiat. Pierre Bertrand s’adresse alors au public pour demander : « Vous rêvez en quelle couleur ? » Certains répondent « en rose » ou d’autres « en bleu », pour Pierre Bertrand c’est en magenta, la couleur qui inspire l’harmonie, la créativité et la croissance spirituelle. Elle lui a inspiré une composition qu’il interprète en solo à la flûte, ce qui apporte une sonorité nouvelle pour la clôture du premier concert.
L’hommage des musiciens du NJO au légendaire Wayne Shorter se prolonge tout un weekend. « Le public est venu nombreux au théâtre Francis Gag qui était plein à craquer pour ces trois jours d’hommage à Wayne Shorter. L’œuvre de cet artiste fabuleux a séduit le public qui a ovationné l’orchestre et ses solistes » nous dit le président du NJO, Philippe Bleuez. Visiblement le NJO a su partager un Jazz jubilatoire et jouer avec conviction les compositions de celui qui dit un jour dans une interview : « Le Jazz est une musique qui traite de l’inattendu. Personne ne sait vraiment comment faire face à l’inattendu ».
Liens :
https://nicejazzorchestra.fr
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Wikipedia: Wayne Shorter
France Musique : Cultureprime
YouTube 1987 Wayne Shorter « La musique crée des valeurs ».
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