Le grand Festival de Musiques et de Danses des 5 continents s’est déroulé cette année du 23 au 28 août 2022 à Haguenau en France. C'est une rencontre majeure et exceptionnelle en termes de contenu.
Reportage de Rita Stirn (auteure et traductrice) pour SitaNews©
Après une interruption due à la pandémie, Haguenau, une ville alsacienne, redevient pour sa 61ème édition, le terrain d’expression des cultures des cinq continents. L’artisanat, les danses et les musiques traditionnelles sont à l’honneur dans différents endroits de la ville en journée, et le soir, les concerts s’enchaînent jusque tard dans la nuit pour laisser la place aux Disc-Jockeys.
La manifestation qui regroupe 80 associations est organisée par l’Office des Loisirs de la ville qui reversera les bénéfices aux associations participantes. L’Afrique est représentée par des groupes de musique du Bénin, du Kenya et de Guinée.
Venus du Bénin, et pour la première fois en France, les 25 musiciens, chanteurs, danseurs et danseuses de l’Ensemble Vocal des Arts Sacrés (EVAS) ont été chaleureusement applaudis par le public au moment du défilé dans les rues, mais surtout pour leur performance scénique avec un chanteur soliste et une chorégraphie des danseuses et danseurs en costumes traditionnels. Hormis le clavier, les musiciens jouent de tambours traditionnels, tels le grand tambour, le tambour parlant. Le tambour principal kpezingan joue la question, le second et le troisième tambour répondent.
https://youtu.be/kFyk4M_-5ps
Trois gongs, dedo, gankganvi, gansou et des hochets, assan, font également partie de la structure rythmique. De même qu’un sifflet pour les appels. Comme l’explique un percussionnistes professionnel d’EVAS : « Nous avons sélectionné une dizaine de rythmes selon une carthographie du Bénin : téké du nord, zinli du centre, yoruba du sud-ouest, par exemple ». Pour définir la musique d’EVAS, Guy Christophe Assogba, le vice-président, préfère la qualifier de musique de cérémonie plutôt que de musique sacrée.
https://youtu.be/MBkPEEVu5G0
Sous la présidence de Gaétan Gohoungo, EVAS est une association engagée dans l’enseignement du chant choral mais aussi des rythmes et de la danse au Bénin. Excepté les sept musiciens professionnels, la plupart des membres d’EVAS ont un emploi mais répètent quatre à cinq fois par semaine. Un enregistrement en studio et un CD sont prévus en 2023.
Sélectionné pour la troisième fois au Festival de Haguenau, le groupe Tumbas of Kenya vient de Nairobi, la capitale. «C’est une chance de vivre à Nairobi », dit le leader Anthony « car toutes les tribus, toutes les langues et cultures du pays y sont représentées ».
https://youtube.com/shorts/ahNSKVNHsKA?feature=share
Les membres du groupe communiquent en swahili, la langue officielle commune du Kenya mais leur expression musicale est basée sur la diversité des musiques et des traditions du Kenya. « Nous ne sommes pas pour autant ancrés dans le passé », précise Anthony. « La culture est quelque chose de dynamique, elle change avec les temps dans lesquels nous vivons ».
Tumbas of Kenya est une compagnie indépendante auto-financée par l’enseignement de la musique et de la danse dans les écoles et les concerts. Après une tournée en Belgique et au Pays-bas, les Tumbas of Kenya évoquent avec plaisir l’idée de revenir au Festival de Haguenau pour son public chaleureux et réactif. Regarder ci-dessous, le défilé du groupe
https://youtube.com/shorts/ukeSIFddwO4?feature=share
Troisième pays africain représenté, la Guinée. Ainsi, la chanteuse guinéenne, Sia Tolno, a « ambiancé » le chapiteau du Bar du Monde. Entourée de ses musiciens et brillants solistes, elle a donné un concert qui symbolise le dialogue musical entre les peuples. Deux de ses musiciens, Eric au clavier et Yaya à la guitare, sont originaires de Guinée et installés à Paris et Aix-en-Provence. Les trois autres musiciens, Léo, Nils et Arthur, sont français et habitent Haguenau, précisément la ville que Sia Tolno a choisie pour y vivre en famille il y a trois ans.
https://youtube.com/shorts/aFE-YkIpZKI?feature=share
Sia Tolno chante avec émotion en kissi, son dialecte natal, pour évoquer l’exil, la souffrance, les guerres dans le monde, mais aussi un désir de stabilité pour le continent africain. Son album intitulé Music is my soul sortira prochainement et une tournée avec ses musiciens actuels est prévue en Espagne l’année prochaine. En attendant, elle est programmée à L’Afrique Musique Festival de Strasbourg qui se tiendra en septembre, avec une programmation au féminin organisée par Manouté Séri originaire de République Démocratique du Congo (RDC). Sia Tolno sera aux côtés de Oumou Sangaré (Mali), Sona Jobarteh ( Gambie) Dobet Gnahoré (Côte d’Ivoire) et Charlotte Dipanda (Cameroun).
Le continent africain est de mieux en mieux représenté sur les calendriers culturels de l’Alsace. Selon Christine Wendling la directrice de l’organisation du festival, 45000 personnes ont assisté à l’édition très attendue de cette année et 13000 personnes étaient présentes dimanche pour la Journée de clôture du festival. Des échanges et des projets à suivre de plus près. À l’année prochaine !
