Djanii Alfa, une voix "rebelle" égarée dans les décombres d'une société agitée

Le destin contrarié d'un rappeur bien plus engagé ! En Guinée, Djanii Alfa s'est vite imposé, mais au prix de bien des écueils. Son engagement lui a valu de nombreux tracas dans sa carrière. Son parcours, aussi clinquant soit-il, se trouve aujourd'hui entravé par les aléas d'une société en pleine débâcle.

Né Alpha Midiaou Bah, Djanii Alfa a, aussitôt, gagné le cœur de la jeunesse guinéenne dès son retour au pays en 2009. Son premier album, "G 4 Life", sorti en 2012, l'a tout de suite catapulté, suivi de deux autres opus majeurs : "Rêve d'Afrik" en 2015 et "Sicario Schizophrénie" en 2018, ainsi que d'autres œuvres subsidiaires. Mais la flamme de Djanii Alfa ne se limite pas à sa musique conscious. L'artiste s'était également engagé au sein du Front National pour La Défense de la Constitution (FNDC). Cette prise de position radicale lui a valu l'emprisonnement en 2022. Cette expérience fastidieuse met en lumière les défis auxquels sont confrontés les artistes qui osent se frotter aux pouvoirs en place.

Tel un phénix renaissant du bûcher, le rappeur a "survécu" à  l'étau du régime "dicta" d'Alpha et ses sbires. À sa sortie du gnouf, il est allé donner un concert au Bataclan au cœur de Paris. Cela lui a conféré plus d'influences et de gagner davantage en visibilité.  

Utilisant son aura et sa musique comme moyens d'éveiller les consciences, le rappeur est parfois mal compris dans son combat. Qualifié de "trop ethnique" par certains, mais l'"enfant peul" résiste sous les figues des critiques. À travers son titre "Amkoullel", inspiré de l'œuvre éponyme du célèbre Amadou Hampâté Bâ, Djanii est venu affirmer fièrement ses origines.

Le parcours de Djanii Alfa illustre la complexité d'être un artiste engagé dans une société en pleine tourmente où les leaders d'opinion se prostituent à vil prix dans les palais. Actuellement en exil (in)volontaire, le rappeur est apparemment freiné dans son élan. Son histoire soulève des questions importantes sur le rôle des artistes dans les sociétés en crise et sur les sacrifices que peut impliquer l'engagement pour la démocratie.

Alors que son public trépigne d'impatience de le revoir à Conakry, Djanii Alfa flâne entre Congo et l'Europe. Il se présente comme un exemple de résilience aux « revanches » des régimes guinéens. Le silence actuel du rappeur résonne comme un appel à la réflexion sur l'avenir de la Guinée et le prix de la liberté d'expression.

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