MMFLP / Cap sur la femme dans l’art et la culture !
De nos jours, les femmes adoptent une place éminente et considérable dans la sphère artistique et culturelle - que ce soit de la peinture, de la danse, de la littérature, de la musique, ou du théâtre, elles se taillent une place de choix au soleil.
Par Sita CAMARA (Éditorialiste - chroniqueur culturel)
Le Mouvement Mondial des Femmes Leaders Panafricaines (MMFLP) a organisé dans la soirée du samedi 27 mars dernier, sa cinquième visioconférence internationale sous le thème : Femmes, arts et culture.
Cette rencontre virtuelle s’inscrit dans le cadre de la campagne activiste entamée par le MMFLP depuis début mars, un mois consacré aux droits des femmes.
Dans un climat de convivialité, la conférence a été menée à bien – les échanges étaient intenses et fructueux. Cette rencontre qui a duré plus de 2 heures d’horloge, traduit à quel point les femmes portent validement la charnière artistique et culturelle dans les différentes sociétés.
Modération : un duo formidable !
Lydia Antoine (présidente de du MMFLP, chargée des médias, présidente et fondatrice de la RPC - Radio Passion Culturelle) et Fanta Bayo-LEVEQUE, ont formé un excellent duo pour conduire cette conférence nourrie d'interventions pertinentes. Leur complicité était fabuleuse. Le retour sur les compétences et le partage d’expériences ont caractérisé cette cinquième conférence en ligne du MMFLP.
Après le discours d’ouverture de Delicia SOUKA, Présidente du MMFLP - commission Arts et Culture et la brillante approche de Véronique Diarra, enseignante, écrivaine, conteuse, Sylvie Jean LAVALLÉE a présenté son premier ouvrage intitulé « En t’attendant mon combat contre l’Endométriose ».
Mme LAVALLÉE est aussi porte-parole de l’Endométriose, une maladie qu’elle combat depuis 2016 en Haïti. « J’ai écrit cet ouvrage pour pouvoir montrer aux femmes de mon pays que cette maladie existe et que nous devons en parler. Dans ce livre, je raconte ma vie et mon expérience, puisque j’ai fait 8 fausses couches en l’espace de sept ans de mariage à cause de cette maladie (…). Je pense qu’il faut vraiment en débattre ». Invite-t-elle.
En sa qualité d’ancienne Miss haïtienne, Sylvie Jean se sert aujourd’hui de sa notoriété dans son pays pour sensibiliser sur l’Endométriose, une maladie très peu connue qui s’attaque à la partie utérus de la femme et occasionnant des règles douloureuses et l’infertilité.
Pour sa part, Agnès PIZZICHETTI GLELE, écrivaine et peintre, a déploré le fait que la création artistique des femmes soit encore péjorée par rapport à celle des hommes.
« Les femmes dans la culture, c’est vrai qu’il faut les chercher. Je ne me souviens pas dans mon cursus avoir étudié une femme artiste. C’est un manque et cela m’a poussé à aller chercher des modèles. Je me suis retrouvée dans une zone inexplorée qu’on appelle le matrimoine qui est l’héritage des cultures, des créations, des pensées et des mots, que les générations des femmes précédentes nous ont légués autour desquels, s’articule tout mon travail : que ce soit de l’écriture poétique, du roman, du dessin, de la peinture. J’avais besoin d’une création multiforme ». A-t-elle expliqué.
« L’Ultime Tracé »
Dans son laïus, Mme PIZZICHETTI a parlé de son quatrième récit intitulé : « L’Ultime Tracé ». Dans ce récit, Agnès est allée chercher des femmes réellement combattantes, des valeurs, des symboles qu’elle a transcrits dans "L’Ultime Tracé".
Prenant la parole avec brio et aisance, Ludmie GUE, Docteure en Philosophe et Professeure de Lettres/Histoire a accentué son allocution sur : la place de la femme dans la littérature. Pour elle, « La littérature permet à la femme de se mettre en avant, de transmettre ses messages et de se libérer du carcan de la domination masculine ».
Pour finir, Ludmie évoque un paradoxe : si la femme a une place dans la culture, pourquoi cette place ne lui est pas donnée. Que faire ? S’interroge Mme GUE. Pour elle, « il faut donner d’abord, une place politique à la femme car, c’est dans cette sphère où se prennent toutes les grandes décisions ».
Irène Poss Boumba, écrivaine, romancière et ambassadrice humanitaire pour la paix universelle et présidente de l’association du Centre International des Nations, s’est inscrite dans le même ordre d’idée que la précédente intervenante. Elle a profité de l'occasion pour présenter sa maison d'édition - MAVY Éditions.
Amanda CASTELO, invitée surprise !
L'invité de "marque" de cette conférence a été Amanda CASTELO, auteure, écrivaine et membre d’honneur de l’association OMEGA (Organisation Mères et Enfants de Guinée et d’Afrique) dirigée par la "guerrière" Marthe Dédé KOÏVOGUI.
A l’entame, l’invitée se dit « fascinée par des interventions et par cet esprit magnifique qui est l’esprit féminin traduisant l’expression du courage de la femme - sa détermination - sa force - sa réelle puissance et son identité ».
Rappelons d’abord que Mme CASTELO est auteure de plusieurs ouvrages, mais elle a aussi une grande activité dans le domaine des soins palliatifs. Ce qui veut dire qu’elle a une double formation : l’une juridique en droit international public et l’autre, psychologie (soutiens aux personnes).
À l’issue des différentes interventions, Mme CASTELO a évoqué la souffrance qu’endurent les femmes, par exemple celle de Sylvie Jean LAVALLÉE, cette dame qui traîne l’Endométriose depuis plusieurs années. C’est dans cette optique que la collaboratrice de Marthe Dédé a vivement apprécié l’impact que pourra avoir cette conférence sur la vie socio-artistique et culturelle des femmes.
Rentrant dans le vif de la thématique du soir, Amanda CASTELO dira ceci : « (…) Je me suis rendu compte qu’à la huitième édition de l’observatoire de l’égalité homme – femme dans la culture publié le 6 mars 2020, il y a encore une très forte discrimination dans le domaine de la musique. Le salaire des musiciennes est de 17% inférieur à celui des hommes. À l’Opéra en France il y a seulement 1% de compositrices programmées ; 5% de cuivre et de percussions (…)». A-t-elle attiré l’attention des participants sur cette situation qu’elle juge lamentable.
Recréer l'unité.
Pour Mme CASTELO, « quand on parle d’hommes et de femmes, encore une fois, on les oppose les uns contre les autres ». En revanche, elle estime qu’il faut penser à recréer l’unité entre les deux sexes. En quoi faisant : revaloriser la femme en tant que telle, mais en même temps, éduquer l’homme.
Mme CASTELO s’est appuyée sur cette citation d’un vieux philosophe algérien du 10ème siècle pour argumenter ses propos : « Quand vous éduquez un garçon, vous éduquez un homme. Mais quand vous éduquez une femme, vous éduquez une nation ».
« On ne peut pas séparer la réalité de la femme de son contexte. La femme est création, la femme est l’objet le plus parfait de la création. Elle est non seulement de la création, mais elle est création elle-même. On dit la femme est le sacrifice, non, elle n’est pas un sacrifice, plutôt le don de soi. Et il n’y a pas de sacrifice s’il n’y a pas de don de soi. La peinture, l’écriture, etc. vous permettent de vous offrir, c’est un don. La femme panafricaine que vous devez représenter est cette magnifique diversité dans l’unicité. Les différences sont faites pour nous enrichir, pas pour nous séparer ». Conclut-elle.
Jules-Victoir KINGUE, le seul homme parmi les intervenantes dans cette conférence, a fait une belle approche : « Que les femmes agissent, qu’elles se lèvent. Elles doivent être dans l’action et cette action doit être continue. C’est pourquoi dans sa continuité, elles acquièrent une grande maturité qui fait son existence. Aujourd’hui, dans l’art et la culture, il faut que les femmes puissent encore porter avec force tout ce qu’elles ont comme contenus. Parce que leur place est là ».
Pour rendre l’utile à l’agréable et détendre un peu les nerfs, Aline NGUETSOP, artiste, auteure, compositrice et interprète a fait un acapella sur son dernier single intitulé : « Pas à pas » qui magnifie la grandeur de son créateur et la mésaventure d'Aline.
L’assistance a également eu droit à l’écoute de la chanson : « Paris tu nous sourit » de Rita ROAMAIN, artiste, chanteuse, musicienne.
Cette visioconférence a pris fin par un tour d’écran pour les derniers mots des participants.es.
La modératrice Lydia Antoine a raccroché sur cette citation de Stéphane Théri - « La culture porte et partage les émotions. Elle donne à l'humanité et à chacun de nous, la joie et le bonheur de respirer ».