Revue en détail. L’association Pange et Des Monts a réussi sa 18ème édition du Festival Musikodouv organisée du 23 au 24 août 2024 grâce à une équipe dynamique de bénévoles et à une programmation très festive, concoctée par le président de l’association Jacques Stirn, batteur et amateur de rythmes. Un panachage de genres musicaux a porté le public de la chanson française au rock musette et à la soul d’Anastasia, des platines électro-house de Luca et Thomas au groove oriental du groupe Emir Tatane jusqu’aux percussions africaines de Foly Kan.
[Reportage de Rita Stirn pour Sitanews]
Temps de lecture : 3 minues
Foly Kan, qui renvoie au son du rythme malinké d’Afrique de l’Ouest, est un collectif local, composé de Stéphane, Sébastien et Nicolas, accompagnés sur scène par la danseuse Namissa Oularé et deux musiciens, tous deux originaires de Guinée, le soliste Naby Camara au djembé, en duo au kri avec le soliste, Amara Touré. D’autres musiciens français complètent le groupe, tels Fernand, Nicolas qui ont une longue expérience de la pratique de la percussion d’Afrique de l’Ouest.
Foly Kan fait l’ouverture des concerts le samedi, lorsqu’il fait encore jour, et le public peut admirer leur panoplie d’instruments africains : le balafon, le sangban, le doumoumba, le kenkeni et le kri. Le groupe de six musiciens a besoin d’espace pour sa prestation sur ces instruments multiples et pour la performance de la danseuse Namissa Oularé. La scène s’avèrant trop petite, le concert a lieu sur l’herbe. Malgré une pluie intermittente,le public est au rendez-vous pour applaudir chaleureusement Foly Kan. La danseuse, vêtue de rouge, virevolte entre les musiciens, tel un oiseau de feu. Sa danse est tonique et aérienne, le public est subjugué et applaudit chaleureusement Namissa qui termine par une leçon de danse africaine improvisée, suivie par des festivalières enthousiastes qui n’en étaient pas à leurs premiers pas de danse africaine.
Regardez un bout de la prestation
ici >> https://youtu.be/IvQntgSMAVc
Les musiciens guinéens de Foly Kan s’accordent à dire qu’à leur venue en France, ou en Belgique pour Amara Touré, la musique était d’office la seule voie choisie. « Nous avons appris à jouer de la percussion avec nos parents et dans notre famille, c’était notre vie quotidienne » disent-ils. « La danse c’est la vie » ajoute avec conviction Namissa Oularé dont le père faisait partie des Ballets Africains. « Par mon père je connais le sens des rythmes ». Mais à son arrivée en France, Namissa a dû travailler à l’usine et prendre des cours de français pour faire évoluer sa situation sociale et gagner en expérience professionnelle dans l’enseignement de la danse. « La danse m’a aidée à garder ma dignité, je n’ai jamais eu à consulter un psychiatre, car ici on peut perdre la tête » dit-elle.
Naby Camara n’a pas envisagé d’autre voie que la musique. A présent, il a le statut d’intermittent du spectacle et se produit en concert. Il enseigne la percussion africaine et donne des master class lors de festivals. Il évoque également la musicothérapie et l’enseignement musical à des personnes souffrant d’un handicap. « Mon souhait serait d’ouvrir une école de musique dans mon pays » dit Naby.
Quant à Amara Touré, il est installé en Belgique où il donne des cours de djembé dans une école communale. Il organise également des stages ou des master class de percussions africaines. Il est attaché à la transmission de la tradition musicale africaine et évoque le développement d’une pédagogie de la rigueur dans l’enseignement de la structure des rythmes. « Mon ambition est d’ouvrir ma propre école de musique en Belgique » dit-il. La philosophie du rythme lui tient à cœur et il a su transmettre le flambeau à son fils : « Mon fils m’étonne, il joue des choses que je ne lui ai pas apprises ! »
Foly Kan est aussi le fruit d’une rencontre entre des musiciens venus d’Afrique et des Français épris de découvrir les rythmes et les sonorités de la musique d’Afrique de l’Ouest. Stéphane Michel, un des fondateurs de Foly Kan a séjourné en Guinée, et il pratique la percussion sur divers instruments depuis des années, à l’instar de Fernand qui a commencé la percussion dès l’âge de huit ans.
La structure associative de Foly Kan permet de diffuser et de faire rayonner la culture africaine par des partenariats avec des artistes de la diaspora. Il est difficile à l’heure actuelle de parler de mobilité transfrontalière des artistes africains en raison, entre autres, des procédures d’obtention de visas et du coût exorbitant des billets d’avion, qui constituent des obstacles majeurs pour les organisateurs de festivals en Europe et pour les participants africains. Ce sont les artistes de la diaspora, qui nous permettent de mieux connaitre la culture africaine en France ou ailleurs et de créer un lien entre les membres de la diaspora. Ainsi, leur présence à Musikodouv a attiré des étudiants africains de la ville voisine, venus en taxi Uber pour écouter la musique de leur terre d’origine.
L’exploit du Festival Musikodouv est d’avoir fidélisé un public en lui offrant une ambiance festive avec une programmation multiculturelle dans une zone rurale de Lorraine. C’est un festival qui fédère tous les âges avec des animations et des ateliers pour enfants. Sa devise est de défendre la musique de scène et le spectacle vivant et de proposer la gratuité de l’accès à tous les concerts depuis sa première édition.
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