Une programmation au féminin à l’Espace Django, en partenariat avec l’Opéra de Strasbourg, a permis au public strasbourgeois de découvrir l’univers musical d’une nouvelle scène électro-acoustique avec des performances en solo, duo et trio.
Par Rita Stirn pour Sitanews
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DeLaurentis est le nom de scène choisi par la musicienne, compositrice et productrice française Cécile Léogé, formée au Conservatoire de Toulouse comme pianiste et chanteuse lyrique. Son projet musical s’appuie sur sa connaissance de la musique classique pour y ajouter une exploration autodidacte du son électronique, influencée par Laurie Anderson, une pionnière dans ce domaine.
DeLaurentis mène un travail de recherche en partenariat avec les laboratoires de l’IRCAM, ainsi qu’une collaboration avec des experts en musique électro-acoustique, notamment Hervé Déjardin de Radio France, et en infographie 3D avec Baptiste Lefèbvre pour les effets visuels.
DeLaurentis maîtrise parfaitement les logiciels les plus sophistiqués, dont on lui a proposé des prototypes, et elle utilise désormais ses propres logiciels personnalisés pour ses concerts en solo. Lors de son concert à l’Espace Django, le 15 mai 2025, elle inaugure un concert immersif en étant placée au centre du public, avec un son spatial à 360°. Les effets visuels qu’elle propose emmènent le public dans un univers cinématographique et poétique.
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DeLaurentis présente son dernier album intitulé Musicalism, qui associe couleur et musique. Pour les paroles, elle choisit l’anglais pour la musicalité de la langue. Le public est emporté dans un voyage sonore et visuel fascinant et inattendu, dont il ne sortira pas indemne, car subjugué par la concertiste de l’électro et la magie des sons qu’elle crée instantanément. « Je veux garder l’impression d’une musique live avec sa part d’improvisation », explique DeLaurentis. Ses outils sont Ableton Live, Erae Expressive Controller and Looper, ou Embodme pour les effets sur sa voix notamment, ce qui donne une dimension cosmique à son interprétation.
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« Magnifique musique féerique, osmose entre voix et machine » ou encore « Merci le futur, Maestra », tels sont les commentaires lors de son concert aux Trans Musicales de Rennes en 2024, un de ses meilleurs moments sur scène selon DeLaurentis. Des concerts sont prévus en Europe et au Canada très prochainement pour cette artiste qui revisite la musique du passé avec les instruments du futur, dont l’IA qu’elle apprivoise depuis 2018 pour en faire son alliée en créativité sonore et visuelle.
delaurentis.ink.to/Musicalism
Le festival ARSMONDO Méditerranée, en partenariat avec l’Opéra, permet aux artistes programmées par l’Espace Django de se produire sur la scène prestigieuse de l’Opéra de Strasbourg. Et le soir du 17 mai 2025, les sièges de velours et les dorures des loges et du plafond seront témoins de la métamorphose de chanteuses lyriques en divas de l’électro !
Le duo de la compositrice, violoniste et percussionniste Daphné Hejebri et de la chanteuse lyrique et guitariste Eleanna Konstanta, appelé Exotica Lunatica, propose les transes musicales lyriques de leur premier album sorti en 2023, Enter The Moon.
Au début du concert, la scène est plongée dans l’obscurité, puis le duo apparaît, vêtu de longues capes noires qui leur donnent une allure de prêtresses guerrières, surtout au moment où Daphné joue avec puissance sur des tambours et djembés, en contraste avec Eleanna qui danse avec grâce sur certains morceaux pour accompagner son chant incantatoire, quasi mystique. Elles enchaînent avec un morceau répétitif basé sur le souffle et la respiration : on pense à un rythme chamanique.
Le duo, qui joue également des claviers pour un son électro, avait annoncé un voyage musical de la Grèce à l’Orient en passant par l’Afrique, et le public a manifestement participé au décollage pour se laisser emporter dans des ambiances polyphoniques et nomades. Des applaudissements chaleureux clôturent cette première partie de soirée très réussie pour ce duo de lauréates des Inouïs du Printemps de Bourges en 2025.
Exotica Lunatica : www.sturmprod.com
YouTube Exotica Lunatica - Enter The Moon
Arrive Flèche Love, en tunique blanche, sur une scène dépourvue de tout instrument, laissant un espace ouvert à deux danseuses en rouge, qui accompagneront le chant et la musique en bande-son de Flèche Love. Elle interprète son dernier album intitulé Guérison, qu’elle qualifie d’archéologie de l’intime.
Amina Cadelli, Flèche Love sur scène, est une compositrice suisse-algérienne formée au Conservatoire de Genève, où elle découvre le clavecin et la musique baroque. Elle change d’univers musical en devenant la chanteuse et rappeuse du groupe Kadebostany en 2011. Elle écrit ses propres textes depuis cette époque et démarre une carrière en solo en 2015.
Amina Cadelli dénonce les discriminations et les injustices, et chante une ode à la sororité avec son titre Sisters, qu’elle interprète ce soir. Elle offre au public un spectacle chargé d’émotions sur la quête d’identité, les terreurs de l’enfance, les blessures d’amour, un répertoire qu’elle chante d’une voix bouleversante, avec la proximité immédiate du langage corporel des danseuses pour ponctuer les douleurs exprimées. Elles forment ainsi un trio constant pour réaliser un tableau hypnotique.
Flèche Love/Crédit photo Ti'Gouzou
Le spectacle est séquencé par les prises de parole de Flèche Love sur le mal-être, mais il évolue vers une thérapie pour le mieux-être ; la musique change et laisse place peu à peu à des sonorités apaisées, dont la sonorité sereine d’une flûte. La voix de Flèche Love traduit l’espoir et la foi en l’avenir.
Au cours du concert, elle se libère de la grosse ceinture qui lui serrait la taille au début, pour danser librement dans sa tunique blanche. Sa voix touche les cœurs et elle envoie un message de réconciliation avec soi-même et de reconnexion avec ses racines. « Écouter Flèche Love, c’est être transpercé par une voix. Elle trace un chemin sensoriel… c’est une expérience corporelle, spirituelle ».
YouTube : Flèche Love Amour Quantique
Le point commun entre DeLaurentis, Exotica Lunatica et Flèche Love est de décloisonner la création musicale, d’humaniser la technologie, d’en faire un outil de créativité sonore, de proposer un univers musical sensoriel et visuel accessible à tout public. Elles sont musiciennes mais aussi chercheuses, en quête de sonorités nouvelles qu’elles créent par la technologie ou par l’utilisation d’un patrimoine musical traditionnel. Leur approche revendique une visibilité affirmée des femmes dans les musiques actuelles, grâce à des productrices engagées telles que Stéphanie Hollevoet pour DeLaurentis et Séverine Capiello pour Exotica Lunatica. Une démarche relayée dans la programmation de l’Espace Django, qui affichait un positionnement majoritaire de femmes leaders dans son calendrier musical du mois de mai.
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