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Publié : 12 November, 2024

Interview : Seckou Keita réinvente la kora avec son album "Homeland"

 

L'artiste et musicien sénégalais joueur de kora, SECKOU KEITA, vivant en Angleterre, est sur la route des festivals depuis quelques mois avec son nouvel album "HOMELAND". Ce nouveau projet lui permet de ramener sa kora à ses premiers fondements. Entre deux concerts, il nous parle de l'évolution de la kora dans le temps, de son ouverture au monde, de son rôle pour perpétuer cet instrument traditionnel africain, mais surtout de son envie de venir jouer sur le continent africain.

 

Interview réalisée par Mory Touré (Sitanews)

Temps de lecture : 5min

 

Mory : Dans ce nouvel album qui vient de paraître, "HOMELAND", Seckou, tu revendiques le retour aux sources qui montre aussi ton africanité, mais surtout l'évolution de la kora. Comment vois-tu la kora ayant traversé le temps ?

 

S.K : L'évolution de la kora, pour moi, s'est faite non seulement dans le temps, mais aussi dans l'espace, car elle fait partie de l'empire du Gabou, qui était la Gambie, le sud du Sénégal, la Casamance, la Guinée-Bissau. De là, la kora s'est répandue dans l'empire mandingue, participant à la vie des habitants d'Afrique de l'Ouest, lors de moments importants comme les cérémonies, les baptêmes et les mariages. Petit à petit, elle a voyagé au-delà des frontières de l'Afrique de l'Ouest.

 

 Cover de l'album "Homeland"

 

Mory : Dans ce projet, tu embellies les notes de la kora avec plusieurs courants musicaux, entre tradition et modernité. En tant qu'artiste qui aime les rencontres, peut-on dire que la kora doit s'ouvrir davantage à d'autres musiques ?

 

S.K : Bien sûr, la kora doit s'ouvrir. Pour moi, cela fait partie de son évolution ou même de sa préservation, car la kora doit participer à toutes les conversations musicales dans le monde entier. C'est mon instrument, c'est un instrument magique pour moi et pour beaucoup de personnes. Il faut le faire entendre dans tous les coins du monde, le faire jouer partout, tout en préservant sa tradition. Mais elle ne doit pas rester seulement dans les musées. De

 

 Du 13e siècle au 21e siècle, la kora doit parler avec tous, toutes les générations. C'est ma mission, avec ses inconvénients, de protéger la kora tout en l'ouvrant pour qu'elle atteigne le monde et continue d'exister. La kora jouée est magique, elle a toutes ses potentialités possibles et fait partie intégrante de ma vie. Bien que sa pratique traditionnelle se trouve davantage dans les pays d'Afrique de l'Ouest, il est important de continuer à la jouer et à la présenter partout dans le monde, pour inspirer les non-mandingues tout en la préservant.

 

Mory : Ayant été bercé très tôt dans la pratique de la kora, la modernité a ses inconvénients sur la transmission, autant sur le continent qu'ailleurs. Qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui pour qu'il y ait assez de joueurs de kora pour perpétuer ce magnifique instrument traditionnel que vos pères vous ont légué ?

 

S.K : C'est de faire passer cette pratique traditionnelle de la kora fondamentalement. Bien que je ne sois pas tout le temps en Angleterre, je passe deux à quatre fois par an au Sénégal, avec mes frères et cousins, pour partager cette passion et transmettre les connaissances que l'on m'a apprises. Mon grand-père me disait toujours ce proverbe : "Il faut toujours prévoir de ne pas mourir avec le savoir que tu as." C'est ce que nous essayons de faire, ma famille et moi, pour perpétuer cette connaissance qui nous a été transmise. Il est aussi important de venir de temps en temps au Sénégal pour jouer avec ses musiciens et partager encore davantage cette passion.

 

Mory : Bien que tu vives entre l'Angleterre et le Sénégal, tu es un vrai citoyen du monde. Tu joues dans plusieurs coins du globe, mais pas assez sur le continent africain en matière de concert. Est-ce que ce nouveau projet te permettrait de te produire davantage sur le continent africain ?

 

S.K : Voyez pour le retour au pays, c'est prévu. C'est vrai qu'on a tourné en Europe, aux États-Unis, en Asie, mais il est important de revenir à la source, sur le continent africain. C'est un devoir de revenir au pays, de présenter ce que j'ai appris et de partager des moments de concert avec eux, comme je le fais partout dans le monde. J'espère bien qu'après la sortie de mon nouvel album, "Homeland, chapitre 1", je pourrai avoir des concerts sur le continent africain. 

 

Découvrez cette interview en version vidéo ici

>> https://youtu.be/NU_3uPmCwtI

 

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